Film passionnant sur le milieu scolaire et les relations entre professeurs et élèves. Cette production est une réflexion sur les méthodes d'enseignement, les rapports entre l'autorité (professeurs, directeurs) et ceux qui sont supposés s'y soumettre (les élèves). Le réalisateur décrit également les rapports entre les étudiants eux-mêmes - intéressante description de la société actuelle : agressivité, violence, conflits religieux, critique et le refus de l'autorité, influence négative du milieu familial, etc... Comment faire pour gérer tous ces problèmes ? Rude tâche pour les professeurs qui sont confrontés à ces difficultés quotidiennement.
L'idée viendra d'un professeur qui rassemblera les étudiants autour d'un projet commun qui a pour thème la Shoah.
A première vue, cela semble un sujet risqué...L'intérêt est ainsi de voir que lorsqu'un groupe a trouvé un but commun, les difficultés et les conflits semblent s'estomper. Mais y a-t-il de la part des membres de ce groupe une compréhension profonde de la véritable nature du conflit. L'histoire n'aborde pas ce sujet complexe et délicat. Il propose une piste de réflexion sur des approches permettant d'atténuer les conflits dans lesquels la société se trouve empêtrée. Il me semble en effet que la réunion des élèves sur autour d'un objectif commun est intéressante comme le montre bien ce film, mais, les étudiants qui y participent, pénètrent parallèlement, sans, à priori s'en rendre compte, dans un autre type de compétition ! Certes, ils forment, après en avoir compris l'intérêt, un groupe relativement uni et qui a réussi en apparence, à surmonter ses luttes internes mais qui s'insère de nouveau, par le biais d'un concours, dans une concurrence avec d'autres groupes, assurément, à un niveau plus fin et qui semble préférable à la violence affichée au départ mais qui risque d’être le germe de rivalités futures...En effet, dans "Les héritiers", les professeurs reprochent aux élèves leur manque de coopération, ceux -ci réagissent en collaborant les uns avec les autres. Mais cette collaboration est mise en œuvre pour reformer une nouvelle division entre ce groupe et d'autres groupes. C'est comme tomber de Charybde en Scylla ! Pourquoi les professeurs insistent-ils sur les dangers de la division entre les individus dans un groupe - et en cela ils ont raison - mais ne voient pas qu'ils perpétuent cette division à une autre échelle ? N'est-ce pas le signe d'un conditionnement profond, présent aussi bien chez les professeurs que les élèves ! Ainsi, le développement de l'intrigue révèle que les conditionnements sous-jacents n'ont pas disparu et qu'il reste des racines de conflits basés sur la compétition : c'est à dire devenir le meilleur et ainsi l'instauration d'une distinction et d'une opposition entre moi et les autres. Quelle influence aura cet état d'esprit sur les relations futures que les élèves, devenus des travailleurs, auront dans le milieu professionnel ? Système lui-même basé sur la compétition, la concurrence, l'autorité, la division, celui qui sait et celui qui ne sait pas. Il est dommage que le film n'aborde pas ces sujets importants. Ceci aurait permis d'aller plus loin et plus en profondeur dans la compréhension de la violence et des relations entre les êtres humains. La réalisatrice aurait pu questionner le spectateur sur les subtiles conséquences de la compétition et de la concurrence qui amènent les individus ou des groupes d'individus à recréer sans cesse des mécansimes sources de division !