« Alors je t’achèterai un vélo. »
Avec une narration d’apparence éclatée, en noir et blanc, soutenue par une BO parfaite, on suit deux histoires parallèles : celle, dans la campagne sarde éprise de football, pardon de calcio, d’une équipe de mollets cassés (entraînée par un coach aveugle) luttant contre une autre de propriétaires arrogants et violents et celle contant l’ascension d’un arbitre international à la façon d’un intègre moine-chevalier du Moyen-Âge pris dans la tourmente des petites combines entre amis.
Très hétéroclite dans la narration, porté par une interprétation amateure, pas toujours des plus justes, ce film, assez fin au niveau visuel mélange également plusieurs types d’humour durant sa première partie, satire sociale, comique de caractères et de situation, voire parodie (la cène finale) à la façon d’une farce, le genre italien par excellence depuis plus de 2 000 ans. Si la citation qui ouvre l’oeuvre est de Camus (grand amateur de football), l’ensemble fait en effet beaucoup plus penser à une satire d’Horace, le poète latin, et son sens incisif du détail et des rapports humains mis en perspective. La réalisation apporte en outre un grain qui rend le film intemporel.
La seconde partie est nettement plus sombre, quand se développent d’autres axes narratifs, à peine esquissés plus tôt, vendetta, corruption, jusqu’au final jouissif.
Un premier long métrage d’un auteur qu’il faudra assurément suivre tant il modernise avec talent la comédie à l’italienne, parfois caricaturale et en recherche d’un second souffle depuis des années.