Le cinéma de genre britannique n’arrêtera donc jamais de me surprendre : après l’horreur pur ("28 Jours Plus Tard", "Creep", "The Descent 1&2"), le fantastique ("Razor Balde Smile", "Attack The Block") et les précédents genres mêlés à la comédie ("Shawn of the Dead", "Severance", "Doghouse", "Evil Aliens", "Bienvenue au Cottage", "Cockneys VS Zombies"), c’est au tour de la science-fiction d’être à l’honneur : "The Machine" nous plonge dans le futur en pleine guerre froide entre les Forces Occidentales et la Chine, les Anglais développent en secret des armes d’un nouveau type : des cyborgs dénués d’émotions (et donc foncièrement destructeurs) pouvant faire pencher la balance de leur coté. Or, le professeur Vincent parvient à développe une intelligence artificielle d’un nouvel âge, capable d’émotions et de réfléchir ; ce qui n’est pas au goût de l’état-major, bien plus intéressé par des super-soldats totalement contrôlables que par des machines douées d’âme...Le choix de la science-fiction pour une production nantie d’un budget assez modeste est plutôt risqué vis-à-vis de la concurrence des grosses machines blockbusteriennes : pour se faire une place, il s’agit d’opter pour le moins d’effets spéciaux possibles mais relativement convaincants et de s’armer d’un scénario en béton armé (soyons franc, ce genre d’exploit n’a été accompli que deux fois au cours de ces dernières années : par Neil Blomkamp avec son incroyable "District 9" et par Josh Trank avec son inattendu mais très bon "Chronicle" !) Et l’équipe de "The Machine" l’a bien compris : doté d’un scénario ciselé avec malice, de personnages certes stéréotypés mais plutôt bien travaillés, d’un design sobre (pas d’architecture futuriste tordue ou de super-voitures volantes : on évite ainsi l’utilisation de CGI onéreux…au contraire les effets spéciaux sont peu nombreux mais très soignés) et de deux thèmes importants avec l’insensée course à l’armement (par le biais de la guerre froide entre l’Ouest et la Chine) et la condition humaine (au travers de la relation entre le scientifique et sa création) ; le film met l'accent sur le coté humain de l'intelligence artificielle en traitant subtilement le sujet de cette machine qui se revendique comme une personne à part entière avec des sentiments. D’ailleurs, à ce titre, le réalisateur ne tombe pas dans dans la facilité en nous balançant une relation romantico-lacrymale entre le professeur et sa création : au contraire, les deux individus vont « s’apprivoiser » au fur et à mesure grâce à leur empathie mutuelle et vont laisser leurs émotions se développer selon leur volonté propre et non par le contexte de la situation. Bref, même s’il a parfaitement révisé ses classiques et ne se gêne pas pour les citer à l’écran (Isaac Asimov, Philip K. Dick, "Frankenstein", "Ghost In The Shell", "Blade Runner", "Terminator", "Universal Soldier", "Metropolis" de Lang , "Metropolis" d’Otomo…), "The Machine" traite son sujet de façon totalement sérieuse et sombre, sans fioriture blockbusterienne ni excès de producteurs, le tout enveloppé par une certaine de poésie mélancolique pour une surprenante réussite qui mérite plus qu’une simple sortie en DTV. A noter la très bonne interprétation de de Caity Lotz, troublante en être artificiel à visage humain (ou humaine mécanisée, à vous de voir !!) : elle est impeccable ! Vous aimez la vraie SF, les dystopies proches du réel et les films bien faits, faites-vous plaisir : "The Machine" va vous étonner !