Trois ans ont passé depuis l’immense succès de "Intouchables". Trois années durant lesquelles les deux compères Eric Toledano et Olivier Nakache n’ont rien fait, si ce n’est de mûrir le projet "Samba", adaptation libre du roman "Samba pour la France", avec l’autorisation de l’auteure Delphine Coulin. C’est à cause de ces libertés accordées que nous avons l’apparition d’Alice (Charlotte Gainsbourg) dont on s’interroge sur le bien-fondé de son existence. Pourquoi vouloir instaurer à tout prix une romance entre deux personnes que tout oppose, alors qu’elle n’existait pas dans le bouquin ? Remarque pourquoi pas, après tout… Cela amène un peu de diversité à ceux qui ont lu le roman, dont je ne fais pas partie. Sauf que le couple Sy/Gainsbourg ne fonctionne pas du tout. On ne croit pas un instant à leur histoire, fusse-t-elle platonique. Autant Omar Sy trouve tout de suite le ton juste dans la difficile situation de son personnage, autant Charlotte Gainsbourg n’y arrive pas du tout ; à croire que c’est pour cette raison que son personnage pète les plombs… Franchement, Charlotte est une mauvaise actrice. Je suis désolé pour elle, mais il faut reconnaître que ce n’est pas une actrice. Oh j’entends certains d’entre vous me dire d’aller prendre sa place… Oui mais non. D’abord parce que je suis un homme, ensuite parce que je ne suis pas meilleur qu’elle. Etre comédien, c’est un métier ! Bref, Charlotte est une mauvaise actrice, et en plus elle est moche, elle est plate comme son jeu et pour couronner le tout, elle a autant de charisme qu’un hareng séché (j’aime pas les harengs !). De plus elle est molle et c’est sans doute pour ça qu’on lui a octroyé un minimum de répliques, pour laisser libre cours à ses mimiques azimutées. Tout repose donc sur l’interprète du rôle-titre, lequel a accentué juste ce qu’il faut ce petit accent caractéristique de l’Afrique noire. La performance en la matière est remarquable parce qu’elle a tenu sur la longueur du film. Mais il est difficile de porter un film vers le haut quand personne n’est à la hauteur. Pourtant, des personnages secondaires tels que l’oncle de Samba (Youngar Fall) ou Wilson (Tahar Rahim) sont intéressants mais pas suffisamment exploités dans l’environnement de Samba. C’est dommage, d’autant plus dommage lorsque Wilson amène du punch et du fun à une réalisation trop mollassonne parce que trop contemplative. Le sujet était pourtant intéressant, puisqu’il aborde un sujet de plus en plus d’actualité : celui des migrants en situation irrégulière. Cela en fait un film engagé, fustigeant les administrations françaises qui préfèrent renvoyer les personnes gagnant honnêtement (et péniblement) leur vie, et garder sur leur territoire ceux qui n’ont d’autre projet que celui de vivre une vie pépère sur le dos de la société. L’intention de dénoncer et de donner à réfléchir est là, mais le tout est bien trop gentillet pour soulever chez le spectateur un quelconque sentiment de révolte, et provoquer par la même occasion chez les pouvoirs publics une véritable prise de conscience. Alors que la légèreté de "Intouchables" était la bienvenue pour dire que le handicap (même lourd) n'est pas vraiment un handicap, "Samba" aurait mérité d’être plus cinglant pour parler efficacement d’un phénomène social grandissant. Tout cela n’aurait pas empêché d’y intégrer un peu d’humour, par ailleurs peu présent. Alors si vous vous installez devant votre écran plus que jamais excités par la perspective de voir un nouveau grand film en sachant que la paire Nakache/Toledano nous avait gratifiés d’un inoubliable "Intouchables" (leur précédente réalisation), surtout après avoir visionné la bande-annonce très attrayante, je me dois de vous avertir que vous risquez fort d’être considérablement déçus : tout le meilleur du film se trouve dans la bande-annonce ! Et quand on sait que la bande-annonce dure 2mn30, ça vous laisse augurer de la place qu’il y a pour un relatif ennui. Autant dire que Toledano et Nakache n’ont pas transformé l’essai, d’autant plus que la musique de Ludovico Einaudi est très proche de celle qu’il avait composée pour "Intouchables".