Eric Toledano et Olivier Nakache rejouent une nouvelle fois la partition des contraires qui s’attirent, après « Intouchables » ou « Je préfère qu’on reste amis » mais en mettant en scène un problème lourd et un peu casse-gueule par les temps qui courent, celui des sans papiers. C’est une prise de risque, malgré les apparences politiquement correctes du pitch. Mais qui peut dire où est le politiquement correct dans cette époque qui part en sucette et où les valeurs s’inversent ? « Samba », c’est d’abord la rencontre de 4 acteurs : deux « filles de… » d’un côté avec la belle Charlotte Gainsbourg (très crédible quand elle incarne la fragilité) et l’étonnante Izia Higelin. De l’autre, deux acteurs dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils se sont fait tous seuls : Omar Sy, toujours juste, adorable et parfois bouleversant, et Tahar Rahim très drôle (c’est bien la première fois qu’il joue dans un registre léger, et c’est tant mieux !) dans un rôle peut –être un tout petit peu sous écrit. Avec un scénario assez bien écrit pour qu’on ne devine pas d’emblée où il va nous emmener, « Samba » flirte de temps en temps avec le drame et même si on espère que les choses finiront bien pour les deux amoureux, on est un peu « sur le fil » jusqu’aux toutes dernières minutes. La scène d’ouverture est un travelling réussi qui part des paillettes d’une salle de réception pour finir à quelques mètres de là dans les recoins de la cuisine où l’on fait la plonge pour quelques euros payés au black, cette scène donne parfaitement le ton de ce qui va suivre. Elle est à mettre en parallèle avec la scène de fin en forme de petit pied de nez qui tombe bien même si elle plaira peut-être pas à tout le monde, certains la trouveront peut-être un peu « too much » mais bon moi elle me convient parce que j’imagine qu’elle est tout à fait crédible ! Assez peu de longueurs, des dialogues qui sonnent très justes et des problèmes lourds abordés avec la mesure et l’angle qui s’imposent. Par exemple, la scène où Alice raconte son « pétage de plomb » en réunion et la grosse dépression qui a suivi est totalement crédible et écrite exactement comme il le faut pour faire passer une émotion quasi palpable. Et puis, entre les scènes un peu lourdes il y a des moments très drôles ! Pas drôle dans le genre grosse farce mais drôles à la façon de Tolédano/Nakache, un humour de petites touches, parsemé çà et là tout au long du film. Du côté des petits défauts, on peu regretter que certains seconds rôles ne soient pas assez écrits, celui de Wilson notamment sur qui on aimerait en savoir plus, mais c’est peut-être parce que c’est Tahar Rahim et qu’on aimerait le voir plus à l’écran… Il n’apparait qu’après presque une heure de film ! On peu regretter éventuellement aussi quelques rebondissements un peu téléphonés (le coup de l’échange de manteau, on voit venir très vite ce que çà va impliquer) et quelques gags un peu faciles, un peu datés (le coup de la « première Gracieuse », par exemple, où les téléphones rangés prestement avant une réunion) et déjà très utilisés. Mais bon, vraiment pas de quoi se gâcher le plaisir d’un très bon moment de cinéma, plutôt intelligent, drôle et qui résonne dans le monde d’aujourd’hui d’un son un peu discordant, un tout petit peu dérangeant, pas si politiquement correct qu’on pourrait le penser.