Après le formidable succès qu'engendra "Intouchables", Éric Toledano et Olivier Nakache aurait très bien pu se reposer sur leurs lauriers, ou même se tourner vers du "100 % commercial et bon marché". Heureusement, il n'en est rien. Les deux compères usent encore une fois de leurs ingrédients favoris (humour et humanisme), au service d'une comédie sociale désopilante (peut-être trop d'ailleurs...) et engagée. "Samba" raconte l'histoire d'un Sénégalais sans-papiers (dieu que je n'aime pas ce terme !), vivant en France depuis dix ans,
et qui se retrouve contraint de rejoindre un camp d'internement de "clandestins". Il y rencontre Alice, stagiaire dans une association destinée à venir en aide aux sans-papiers sur le point d'être expulsés
(elle est belle la France hein !). Il se crée entre ces deux êtres que tout oppose, une complicité frappante. Lui, est en situation précaire, mais est très drôle et déborde de ténacité et de joie de vivre, elle, est dépressive, discrète et maladroite. Ils forment un couple d'anthologie des plus attachants. Omar Sy (l'une des personnalité préférée des français) et Charlotte Gainsbourg donnent une vraie vie à leurs personnages, et force est de constater que leurs rôles leurs vont à ravir - il n'y avait que lui pour interpréter monsieur et elle pour interpréter madame ! Le récit et la mise scène n'échappent pas à quelques facilités, mais la sincérité des sentiments parvient à toucher. Jouer la carte humour/gravité n'était pas chose facile - surtout avec un tel sujet -, mais É. Toledano et O. Nakache s'en sont très bien sorti. Le risque était ou de trop tomber dans la caricature et perdre ainsi toute crédibilité ou bien de faire du "tout il est beau, tout il est gentil" ce qui aurait aussi effacé toutes traces de réalisme. Et bien le danger a été évité (enfin presque). Car le problème ne réside pas dans le réalisme ni dans l'humanisme bien présent, lui, mais dans le recyclage de rire, de gags. En gros au bout d'une heure on a fait le tour des différentes vannes et jeux de mots (le comique du film résidant essentiellement dans le verbal). L'humour jusqu'auboutiste devient vite lassant. Même si ça n'empêche pas à beaucoup de scènes d'être totalement hilarantes... Le film démarre sur les chapeaux de roues, on entre très bien dans l'histoire, dans le "game" ; la première partie est passionnante en plus d'être désopilante. Mais au bout d'un moment, à force de longueurs et de recyclage, on perd légèrement le fil... Quant au choix de Ludovico Einaudi comme compositeur, il est tout bonnement judicieux, même si on aurait aimé que le musique soit mise plus en avant. Cependant disons-le clairement, le film tient d'abord grâce à ses comédiens, son quatuor de tête. Tahar Rahim et Izia Higelin contribuent de la même manière que Sy et Gainsbourg à la force du film, en particulier dans la véracité de l'humour. Ils sont tous les deux on ne peut plus naturels et bourrés de talents ! Une comédie certes très grand public, pleine d'imperfections, mais qui donne ce que l'on attend d'elle : du rire et de l'humanité. Je suis un peu dans l'obligation de vous le recommander...