Soyons clairs, tout comme le roman éponyme d’Eric Boisset sur lequel il s’est appuyé, "Le grimoire d’Arkandias" est destiné aux enfants, rien qu’aux enfants, et seulement aux enfants. Encore que… je pense qu’il vaut mieux leur apprendre à lire ! D’accord, je vous entends d'ici me demander pourquoi. Eh bien je vais vous le dire. Tout d’abord, parce que le film est empli de grossièretés. Je ne nie pas que les gosses ont parfois un vocabulaire fleuri (certains sont même très doués pour ça), mais quand on veut porter à l’écran un livre déjà à la base tourné vers la jeunesse, et qu’on veut en faire autant de cette adaptation, il me semble qu’il y a des limites. Je ne ferai pas de comparaison avec le livre, car je ne l’ai pas lu. Mais quand je vois la qualité du film, ça ne donne absolument pas envie de découvrir ne serait-ce que le 1er tome de la trilogie littéraire. Cependant je me suis quand même un peu documenté sur l’œuvre d’Eric Boisset en fouillant à droite et à gauche, et je n’ai jamais vu dans les commentaires que les lecteurs y dénonçaient une quelconque vulgarité. Ensuite, après avoir pris un peu de recul, je crois que les doubles-casquettes réalisateurs/scénaristes n’ont pas vraiment cru à leur long métrage. Ils paraissaient même embarrassés, tant la mise en scène est lourde, désincarnée, aucunement créative, comme s’ils ne savaient pas comment s’y prendre pour adapter cette histoire fantastique qui ne manque pas de rappeler plus ou moins les aventures d’Harry Potter. Et puis quoiqu’on en dise, le succès de la trilogie n’a absolument rien à voir avec le raz-de-marée de la saga écrite par J. K. Rowling. La comparaison avec le plus célèbre magicien s’arrête donc là. Le début est pourtant relativement prometteur, avec cette visite dans la bibliothèque, dotée de pièces cachées qui ne manquent pas d’attiser la curiosité (qui est pourtant un vilain défaut ! enfin, pas toujours hein…) : le décor est magnifique, et le mystère de ce moment suscite chez le spectateur un certain intérêt. Mais l’espoir de voir enfin un bon film français est de courte durée, ruiné par la confection hasardeuse de cette fameuse bague d’invisibilité. A partir de là, ça devient du grand n’importe quoi, alors que le casting a de quoi alerter le public sur la médiocrité de ce film. Servis par Armelle, Anémone, et Isabelle Nanty, toutes trois souvent confrontées à des rôles ridicules (surtout Armelle), les personnages sombrent dans une caricature insupportable. Isabelle De Hertogh ne fait pas exception à la règle, bien que son apparition à l’écran en mère de Laura soit très courte. Christian Clavier, à qui le costume de sorcier va bien, est pour une fois bien sage. Le gamin Timothée Coetsier s’en donne à cœur joie, alors que Ryan Brodie et Pauline Brisy semblent absents. Ils sont là, à l’écran, certes… mais quand on les regarde attentivement, ils semblent eux non plus ne pas y croire une seconde ! Les postures de Pauline en disent longs : elle regarde. Statique la plupart du temps, les bras ballants, elle ne joue pas, mais elle regarde. Alors osons le dire : le jeu d’acteur est pitoyable ! Seulement voilà : l’affiche trompe le public sur la marchandise et, avec cette incursion dans la bibliothèque, c’est à peu près la seule chose de réussie. La preuve en est dans le fait que ce film a bousculé le box-office français dès le premier jour d’exploitation, pour se transformer aussitôt en véritable feu de paille avant de retomber rapidement dans l’oubli. Pour une fois que le bouche à oreille fonctionne correctement… "Le grimoire d’Arkandias" n’a donc rien de fantastique, dans tous les sens du terme.