Qui aurait pu imaginer une suite à "La Tour Montparnasse infernale", invraisemblable ovni comique devenu culte (à juste titre) et qui est considéré, aujourd’hui encore, comme la meilleure prestation cinématographique du duo comique Eric et Ramzy ("Steak" et "Seuls two" ont bien plus divisés… et ne parlons même pas des "Daltons" ou de "Double Zéro") ? La private joke sur cette suite dans la série "Platane" d’Eric Judor semblait, d’ailleurs, confirmer l’impossibilité d’un tel projet. Et pourtant, le duo remet le couvert, 15 ans plus tard… et le résultat est mitigé ! "La Tour 2 contrôle infernale" fait, ainsi, partie de ses films compliqués à critiquer, tant il recèle, à la fois, de moments de génie comique et des gags terriblement ratés. Pourtant, le film commence plutôt bien avec une idée de départ plutôt bien vue (deux pilotes français deviennent débiles suite à un accident de test de centrifugeuse) et quelques séquences qui renoue avec l’esprit génialement décalé et non-sensique du premier opus (et, donc, par extension, de "Dumb & Dumber", la référence assumée). La meilleure scène du film est, d’ailleurs, à mon sens, l
e test de vision où les deux héros tentent de déchiffrer ce qui s’avère être un A
. La scène s’étire, pourtant, au-delà du raisonnable mais fonctionne merveilleusement grâce aux dialogues (visiblement improvisées) qui repoussent les limites de l’invraisemblable. Sans être égalée, ce genre de scène revient à intervalle régulier dans le film (surtout grâce à Eric, qui s’affirme définitivement comme le moteur du duo mais, également, de Ramzy dont le "ah c’est une femme ?" m’a cueilli)… ce qui lui permet de regagner, à chaque fois, un véritable intérêt. Malheureusement, pour le reste, "La Tour 2 contrôle infernale" cumule les bourdes. La réalisation, tout d’abord, pourtant signée par Eric Judor lui-même (qui a su faire montre d’un vrai talent, tant dans ses pubs que sur la série "Platane") est souvent maladroite, avec des effets de mise en scène pas vraiment adaptés (mouvements de caméra lourdingues, zooms rapides inutiles…) et des idées beaucoup trop too much pour espérer convaincre
(à commencer par les malheurs sanguinolents de Ramzy ou le vol en éperviers d’Eric)
. Et surtout, la plupart des gags manquent cruellement d’efficacité (un montage plus travaillé aurait été salutaire) quand ils ne sont pas carrément ratés
(voir la quasi-totalité des vannes en rapport avec les éperviers… à l’exception de leur sort final lorsque Eric n’est "pas content content")
. Comme toujours dans le film, certaines idées sont payantes
(l’indication de la température à lieu de l’heure en début de scène, le running gag du porte-bonheur qui sauve la vie de son porteur…)
mais l’impression d’ensemble reste globalement défavorable… Idem pour les nouveaux personnages, qui apparaissent bourrés de potentiel et qui, rapidement, montre leur limite, du grand méchant adepte des fautes de français (Philippe Katerine en roue libre), à l’homme de main hollandais que personne ne comprend (Ton de Wit), en passant par le culturiste objet du désir de Ramzy (Lionel Beyeke) ou encore le ministre de la Défense qui aurait préféré être nommé à la Culture (Grégoire Oestermann). Même les illustres anciens peinent à exister, que ce soit Serge Riaboukine en homme de main
frère jumeau du Machin de l’opus précédent
ou Marina Fois en assistante enceinte de 9 mois.
A ce titre, l’idée de faire de cette suite un préquel qu mettrait en scène les parents des laveurs de carreaux qui nous ont fait tant rire dans le premier opus n’est, en soi, pas trop mal… mais c’est peu dire qu’on peine à la comprendre immédiatement.
Et si le principal problème de "La Tour 2 contrôle infernale" était, en fait, que l’humour si particulier d’Eric et Ramzy a, aujourd’hui, vieilli ? "Les Bronzés 3", "Les Trois frères 2" ou encore "Les Visiteurs 3" ont tous connu un destin semblant confirmer que le public ne veut pas qu’on touche aux films cultes du passé… L’échec du film au box-office est venu enfoncer le clou. Dommage car, une fois encore, le film n’est pas dénué de qualités et laisse percevoir, par moments, de véritables moments de grâce qui rappellent qu’on est face à des véritables génies comiques… au moins par intermittence !