C'est difficile à expliquer mais il y a ce lien entre JP Rouve et moi. Quelque chose de fort, de chimique presque. Mais je dois dire que je n'étais pas sur-excité à l'idée d'aller voir les souvenirs, la faute à une affiche super moche et à une bande annonce (bon dieu, les BA, c'est la plaie du cinéma) qui se focalisait sur la mamy et qui sentait un peu la naphtaline. Pas que j'ai cru que Rouve allait me faire du Jean Becker mais comme mise en bouche on a connu mieux. Alors bien sûr JP Rouve ne révolutionne pas le cinéma, ni le genre et je dois dire qu'en général j'ai trouvé l'image assez terne mais mon dieu que j'ai aimé ce film. Il y a cette intelligence des sentiments, il y a cette sensibilité qui ne devient jamais de la sensiblerie, le film est comme son personnage, à Rouve, un émotif qui se soigne et ne se complait jamais dans le pathos. Que j'ai aimé cette galerie de personnages, lambdas, incroyablement normaux, et pourtant à la lisière d'un passage sombre, sur la corde raide, prêts à basculer. J'ai aimé le scénario que je trouve très juste, les événements découlent les uns des autres avec fluidité, c'est comme ça que ça devait se passer et pas autrement parce que l'histoire suit son propre cours et que toute loufoquerie n'est pas permise (viens-je d'écrire loufoquerie ?). Ils m'ont touché ces personnages, ils m'ont incroyablement touché, tous, c'était beau comme un jour de pluie sous la couette, ils m'ont fait rire, c'était désabusé comme lorsqu'on sait qu'on n'a plus rien à attendre et qu'on regarde enfin le jour se lever sans espoir, simplement satisfait de le voir encore se lever. Et sans doute parce que ce qui me touche le plus au cinéma, c'est sans doute le traitement du temps qui passe, de la mélancolie.
Le cinéma comme je l'aime. Comme je l'adore.