C’est une Allemagne de 1958 toute hollywoodienne que nous offre Giulio Ricciarelli dans le Labyrinthe du Silence : le soleil y brille en permanence, les robes des petites filles sont fleuries, les hommes y ont encore plus de charme que dans Mad Men, les jeunes femmes sont délurées, à peine voit-on dans cette Allemagne idéalisée un professeur gifler un enfant mais c’est un ancien nazi, donc on ne s’en étonne pas.
On n’a encore rien dit de la guerre en 1958, le silence est partout, l’Allemagne a enfoui son passé et recouvert son quotidien d’un liquide rose et sucré. Tout tourné vers un futur qui ne doit être que meilleur, le peuple Allemand a retrouvé ses occupations professionnelles d’avant, ou s’en est trouvé d’autres. Il travaille, reconstruit, embrasse la liberté de la fin des années 1950, mais ses enfants, ceux qui n’ont pas connu la guerre, se posent des questions, beaucoup de questions sur ces années sans mémoire et que l’on tait, sur les camps d’extermination, sur Auschwitz.
Le procureur Radmann en fait partie. A la fois par ambition et par amour de son pays, il décide, avec le soutien du procureur général qui, lui, a connu ces années-là, de réveiller les mémoires endormies de la génération précédente, il veut amener les Allemands à se demander ce qu’ont fait leurs pères entre 1939 et 1945.
Tous les ingrédients d’un très bon film sont là : une histoire passionnante et dense servie par des acteurs remarquables, deux héros aux moyens minuscules qui vont faire trembler toute une nation, une solide et sincère amitié masculine, de la gravité et de la légèreté, des espoirs et des déceptions, un aller-retour permanent entre le passé et le futur.
Quatre étoiles Allociné faciles. Je retiens la cinquième, pour le côté trop propret du héros, pour son idylle à l'eau de rose, et parce que j’aurais tellement aimé que le procès soit bien plus développé. Mais le film aurait duré dix heures, et ça n'aurait pas été le même film !