Peu importe le classissisme, le point de vue, le manque d’originalité, je ne le répéterai jamais assez, il y a des films instructifs. « Le labyrinthe du silence » est de ceux-là. En effet, j’ai appris. Et comme l’histoire narrée est convaincante, cela me suffit. Nuremberg n’était rien d’autre qu’un arbre qui cachait une forêt bien plus terrifiante. Celle dans laquelle évolue Johann Radmann, un jeune procureur de Frankfort. L’Allemagne croyait en avoir fini avec Nuremberg, croyait être suffisamment jugée. L’Allemagne pouvait se faire une nouvelle beauté. En vérité, les nombreuses poussières du passé étaient cachées sous le tapis du procès de Nuremberg. Justement, le procureur se bat pour soulever ce tapis pour nettoyer une bonne fois pour toute les horreurs des camps de la mort. Le jugement de quelques hauts dignitaires d’Hitler n’est qu’un trompe l’oeil ! L’Allemagne n’en avait pas fini avec son passé. Ainsi, je suis tombé des nues en constatant que dix ans après la guerre et la chute du nazisme il reste des allemands ignorants tout des camps de la mort. Et ce qui est surprenant, ce n’est pas la jeune génération incarnée par ce procureur zélé, c’est aussi découvrir que sa secrétaire d’un certain âge l’ignorait aussi. A l’ignorance s’ajoutent le déni, la volonté presque désespérante de refuser d’en savoir davantage, de se réfugier dans un silence, lequel doit broyer le passé. Malheureusement et heureusement, le passé ne meurt jamais. Il sommeille et il appartient à l’homme de le réveiller pour hanter le présent, comme ce procureur. Le film va au-delà de vouloir réhabiliter les victimes des camps, va au-delà d’une Allemagne qui affronte son passé, il souligne ce qu’est être exactement membre du parti nazi. Qui est complice de ces barbaries ? La hiérarchie sans contestation possible, les exécutants aussi mais les autres, les soldats qui montent la garde dans les camps ? Nazi c’est un parti. Tous n’ont pas été exécutants. Pourtant, tous sont complices de près ou de loin de la solution finale. Responsables ? Coupables ? C’est que dit en substance le film. Et c’est en cela qu’il est subtile. Il y a, qu’on le veuille ou non, une différence entre celui qui donne un ordre et celui qui l’exécute. Qu’on le veuille ou non, il y a une différence entre celui qui exécute et celui qui surveille le camp. Qu’on le veuille ou non, il y a une différence entre celui qui est obligé d’obéir et celui qui prend l’initiative d’exécuter. Qu'on le veuille ou non, il y a une différence entre le passif et l'actif. En effet, comme le dit le film, tout le monde peut se découvrir un parent nazi, et pourtant, une grande partie de l’armée allemande n’adhérait pas au nazisme. Et ces soldats étaient-ils pour autant complices des horreurs ? Oui, d’une certaine manière puisqu’ils faisaient la guerre et se battaient pour vaincre. N'étaient-ils pas sous les ordres de leur souverain, Hitler ? « Le labyrinthe du silence » nous montre ce parcours labyrinthique semé d’embûches pour constituer une montagne de dossiers terrifiants témoignants des horreurs des camps, en l’occurence celui d’Auschwitz. Un film utile.