C’est quoi ce titre qui ne dit pas de quoi on va parler ?
C’est quoi ce film allemand à coté duquel j’étais complètement passé, merci aux amis du Ciné-tchat de nous l’avoir «imposé » dans un timing personnel perturbé et perturbant.
C’est quoi ce film qui parle d’Auschwitz que ma femme ne s’était pas précipitée à voir ?
Quoi, quoi, quoi…Voilà un caillou dans la chaussure plutôt qu’un pavé dans la mare. Mais il s’agit d’un caillou acéré.
Parler d’Auschwitz aujourd’hui n’est pas une révélation, comme cela l’était au début des années 60. L’ancien camp d’extermination se situe en Pologne dans le camp communiste, de l’autre coté du rideau de fer, c’est très loin et inaccessible; à Francfort à cette époque, on est bien bien loin de l’Allemagne réunifiée des années 90. Ne serait-ce que pour l’intérêt de ce rappel sociologique, on peut adhérer sans retenue à ce roman historique, servi par un scénario alerte et inspiré d’une histoire vraie, qui lui donne toute sa crédibilité.
Metteur en scène italien inconnu du grand public, acteur de série TV résidant en Allemagne, Giulio Ricciarelli nous propose un thriller germanique mené tambour battant.
Certes, l’histoire est probablement embellie et les rebondissements distillés dans le déroulement de l’instruction de ce procès hors norme et politiquement incorrect (à l’époque, poursuivre des nazis devant un tribunal allemand…) ont pour objectif de retenir l’attention du spectateur. Et c’est tant mieux!! Le fond de la démarche reste intact : briser le mur des silences et ne pas se perdre dans le labyrinthe des non-dits. Le plus perturbant dans cette histoire n’est pas l’impudence et le manque de remords des condamnés finalement rattrapés pas la justice allemande – et non plus celle internationale des vainqueurs de 1945 – nuance de taille-, mais plutôt la question qui assaille le jeune procureur : puisque même mon père, dont la devise a inspiré ma croisade, en était un (SS), comment moi je me serais situé dans la même position, pris dans l’engrenage d’un totalitarisme redoutablement efficace parce que répondant aux aspirations d’un peuple humilié et revanchard.
Question redoutable, universelle, et à la réponse incertaine.
Voilà un film qui pourrait servir utilement dans nos écoles. Cours d’histoire, de philosophie ou de morale?
A noter, une belle galerie de « gueules » émouvantes, bien choisies, qui n’ont pas de texte à dire ou si peu, et servent seulement à apporter le témoignage visuel qu’elles ont été a Auschwitz, d’un coté ou de l’autre… Il s’agit des personnes qui défilent dans le bureau du juge Radman, elles sont à mi-chemin entre certains personnages Felliniens et les témoins de la guerre d’Algérie que Tavernier faisait parler pour la première fois trente ans plus tard dans La guerre sans nom… Remarquable. Cinéma juin 2015