Voilà un film qui n'est pas fait pour briller en société, mais qui explique, fait réfléchir, et amène une vraie richesse de fond. On aurait certainement pu raconter cette histoire dans d'autres territoires, d'autres périodes, mais elle n'aurait pas eu la force nécessaire à l'introspection salutaire qu'engendre ce "Labyrinthe du Silence". On y découvre une Allemagne d'après-guerre qui a posé un gros couvercle sur l'ensemble de son histoire récente pour protéger sa société traumatisée (De Gaulle et Pompidou ont fait la même chose en France !). Ainsi, le nom d'Auschwitz n'est même pas connu des jeunes générations, alors même que des centaines d'anciens SS se baladent dans les rues, enseignent à leurs enfants, en toute impunité, victimes et bourreau sous le même ciel.
La découverte de la vérité va devenir un combat pour le jeune procureur Johann Radmann. Ce combat n'est pas que de vertu. Dans un pays qui a déjà tiré un trait sur son passé, la démarche s'avoue d'abord carriériste. Mais lorsque la réalité dépasse toutes les horreurs imaginables, elle prend un autre chemin. La justice se mélange à la honte, le devoir de mémoire au besoin de préserver la nation, et tout devient noir, brutal et oppressant pour lui. Et les questions soulevées se multiplient, sans qu'aucune réponse trop évidente ne soit donnée.
La force du film tient dans ces lignes : le fond, l'histoire avec un grand H. Avec un tel sujet, le fond l'emporte toujours sur la forme de toute façon, sauf chez quelques génies trop rares qui ont su mêler les 2 et alimenter la planète entière sur son devoir de mémoire. Ici, ce n'est pas le cas. Si le fond est absolument irréprochable, la forme laisse à désirer. Malgré son scénario construit comme un thriller, le film s'avère trop lisse visuellement et monté comme un téléfilm. Des défauts pas suffisamment lourds pour atténuer la force du récit, mais quand même trop pour l'amener à fédérer. Sans forme, le film ne dépassera jamais le strict cadre d'un public très ciblé, en recherche d'histoire, qui l'aura identifié pour ce qu'il raconte plus que pour ce qu'il est. C'est déjà pas mal, et je suis enchanté d'avoir vu ce film.
Un scénario 5 étoiles pour une mise en scène 2 étoiles en somme.