Vu LES DEUX AMIS de Louis Garrel qui réalise ici son premier long métrage avec son pote de toujours (Vincent Macaigne) et son amoureuse de l'époque (Golshifteh Farahni). Ces précisions anecdotiques ne le sont pas tant que ça, tant leur complicité est visible à l'écran et participe au plaisir que l'on prend au film. Clément, figurant de cinéma, aime follement Mona, une jeune femme mystérieuse qui cache un lourd secret et qui n'a pas de place pour l'amour dans sa vie. Il confie son désarroi à son meilleur ami, Abel, qui joue, bon gré mal gré, le rôle de coach sentimental et d'entremetteur. Malheureusement pour lui, et selon un schéma assez classique, Abel n'est pas insensible aux charmes de le belle Mona… Rien de tout à fait neuf neuf sous le soleil du cinéma d'auteur franco-intello, si ce n'est finalement le véritable thème de ce récit initiatique : l'amitié blessée. Car c'est bien là le sujet, comment la force de l'amitié parvient-elle à survivre à la lâcheté, la tromperie, la trahison, les maladresses, les coups dans le dos… Et d'ailleurs, le peut-elle ? De très belles scènes parsèment le film, d'une grande sincérité, d'une vérité profonde qui font écho aux blessures amicales qui jalonnent forcément une vie. Émouvant, farfelu et cocasse, le film vaut le coût, pour son casting trois étoiles, pour les dialogues bien vus (coécrits avec Christophe Honoré), pour l'humour et la mélancolie mais pêche aussi par quelques baisses de rythme et sans doute une trop grande ambition de son auteur. Garrel s'approche en périphérie de sujets centraux (la dépression, la solitude, les souffrances de l'amour) et se disperse un peu selon moi. J'attends son deuxième essai avec impatience.