Emouvant, sincère et lumineux, voilà ce qu'on devrait retenir du film qui raconte le lent et dur apprentissage de la vie quotidienne et du langage chez une jeune sourde et aveugle à la fin du XIXème siècle. Ariana Rivoire (elle même sourde, mais pas aveugle !) est époustouflante dans son premier rôle ; toute en justesse et en finesse, sans éxagération. Isabelle Carré est lumineuse et très "professionnelle" ; sa langue des signes française est quasi-parfaite. Les autres rôles (ceux de Soeur Raphaëlle, joué par Noémie Churlet et de la Mère Supérieure, joué par Brigitte Catillon) sont aussi excellents, tous "vrais".
Ce film met en scène la vraie histoire de Marie Heurtin, notre Helen Keller nationale, contemporaine de la célèbre Américaine. Sans temps mort, des scènes très réalistes (les fameuses scènes de bagarre, les longues séances d'apprentissage du langage - la scène du "couteau" peut être perçue comme extrêmement longue, exagérée, mais elle est à mes yeux parfaite pour montrer l'extrême patience et la persévérance de Soeur Marguerite, mais aussi que l'apprentissage fut très laborieux, très long dans le temps mais que cela en valait la peine, car une fois que Marie a compris le sens du signe, ses progrès furent fulgurants -, la dure séance du brossage des cheveux ; violence inutile pour certains, lutte nécessaire pour d'autres...), de très belles images, présence de la lumière et constance dans les couleurs (verte, bleue, grise claire), pas pathétique du tout... Bref, un film très beau, très juste et très paisible malgré les larmes versées presque tout au long de la projection, toutes les émotions (colère, joie, tristesse, espoir...) remontant à la surface !