Un biopic fort agréable, qui, certes, sur le climat de la chasse aux communistes dans les sombres années du maccarthysme, n'apprendra rien à la génération des Papys, mais peut être beaucoup à la génération actuelle....
Et puis, c'est très bien de nous rappeler qui était le grand scénariste Dalton Trumbo, écrivain aussi et réalisateur de Johnny Got his gun (primé à Cannes).
Un petit côté hagiographique: Trumbo est un mari exemplaire, un père exemplaire et aussi un citoyen américain exemplaire..... à un petit détail près: il fait partie du parti communiste. Tous ces intellectuels américains, plus encore que les français, avaient une vision bien romantique du communisme.... et l'histoire a prouvé que ceux qui s'en méfiaient n'avaient pas complètement tort (sans le savoir d'ailleurs). Ses convictions n'empêchent pas le bon Trumbo, qui est un scénariste très réputé, de vivre comme un grand bourgeois (magnifique demeure avec étang privé sur les hauteurs de Hollywood...) par contre il n'hésite pas à s'engager auprès des techniciens qui se mettent en grève pour obtenir une revalorisation de salaire. Une version bien soft du communisme.... Mais en 1947, avec la guerre froide, l'anticommunisme se déchaîne derrière la Commission des Activités antiaméricaines. Cela, bien que le PC ne soit pas interdit. Convoqués devant la Commission, Trumbo et un certains nombre de ses amis de gauche vont finasser avec les juges -ce qui leur vaut un an de prison pour outrage au Congrès.
Derrière John Wayne (David James Elliott), anticommuniste hystérique, la plupart du petit monde de Hollywood fait profil bas. Certains, comme Edward G. Robinson (Michael Stuhlbarg), qui a été sympathisant, et même financier de ses amis de gauche, tournent lamentablement casaque....
Après, les "Hollywood tens", les dix de la liste noire n'ont plus de travail. Personne n'a le droit de les embaucher. Tout le monde leur tourne le dos. Le film nous raconte la lente remontée de Trumbo qui garde toujours une volonté et un dynamisme d'enfer, scénarise à tour de bras sous des faux noms et pour des réalisateurs miteux comme Frank King, encore une incarnation géniale de John Goodman (n'a t-il pas encore grossi depuis Cloverfield Lane???), obtenant même un, puis deux Oscars clandestins..... jusqu'à ce que des figures de Hollywood un peu plus courageuses, ou un peu plus sures d'elles mêmes comme Kirk Douglas (Dean O'Gorman) pour Spartakus, puis Otto Preminger (Christian Berkel) pour Exodus, décident de faire réapparaître son nom, son vrai nom, au générique...
Dans l'ensemble, les acteurs choisis pour incarner tous ces grands disparus sont plutôt convaincants. Une mention spéciale pour Helen Mirren, qui interprète de façon irrésistible l'épouvantable columnist Hedda Hopper, peste maccarthiste qui faisait régner la terreur. Helen arrive à être toujours aussi jolie sous ses invraisemblables chapeaux fleuris.....
Bryan Cranston est un Trumbo très convaincant, même lorsqu'on le voit travailler dans sa baignoire (cf photos de Trumbo!!), et Diane Lane interprète joliment cette épouse un peu trop idéale, il faut bien le dire.... toujours souriante, jamais découragée.... A part ce petit côté hagiographique un peu excessif, le film déroule fidèlement le récit d'une période pas très glorieuse de l'Amérique. A voir pour tous ceux qui connaissent bien cette époque, et surtout pour ceux qui ne la connaissent pas!