A l'heure ou plus ou moins la moitié des Démocrates américains se disent ouvertement "socialistes" (derrière Bernie Sanders), on jette un tout autre regard sur ce diable de petit film absolument brillant. Car non seulement il nous fait passer derrière le rideau du monde ingrat et friqué d'Hollywood, en disant bien plus à ce sujet que bien d'autres oeuvres concentrées sur le thème, mais c'est une oeuvre politique passionnante. Si aujourd'hui nombre d'américains se disent "socialistes", mais aurait on oublier la fameuse chasse aux sorcières??En entrainant certains dans leurs retranchements. Une autre époque me direz-vous ? Age d'or de l'après-guerre où il était de bon ton d'être riche puisque la pauvreté hantait encore certaines villes à plus ou moins haute échelle. Trumbo est pourtant un film d'actualité à bien des niveaux : une oeuvre éprise de liberté, prônant la défense des idées, des droits, de la diversité, de la différence envers l'establishment. Remplacé dans le scénario les mots "communistes" par "musulmans", "noirs", "juif", "étrangers", "homosexuels", en j'en passe, et vous comprendrez que l'histoire se répète inlassablement... D'ailleurs l'un des personnages lance cette phrase, ici en parlant du communisme, lourde de sens : "Une cause vague qui effraie tout le monde". Les coco étaient alors vu comme des personnes venant redistribuer les richesses de la haute bourgeoisie américaine, leur faire perdre leur précieux privilèges, privilèges qu'ils ne partageait pour rien au monde (Cf. les grèves).
Alors l'establishment hollywoodien va mettre tout en oeuvre pour écraser cette "cause" : coup bas, rejets violents, pressions, procès devant les tribunaux, (liberté d'expression)... Ce film peut également être vu d'un autre point de vue : d'accord ou pas avec les idées de Mr Trumbo, il enjoint les gens à faire la différence entre l'homme public et l'artiste. Et Trumbo est l'histoire d'un génie scénaristique qui a marqué le 7ème art de son empreinte. Et son histoire est celle de milliers de gens, moins célèbres, qui ont tout perdu durant cette période honteuse -encore une !- de l'histoire du Nouveau Monde. Si on sent que Roach fait montre de possibilités, il est encore loin d'être un grand metteur en scène ; à la différence de B. Cranston qui explose à l'écran avec une interprétation fascinante et il en va de même pour ses confrères. Un film ou il faut ne pas lacher prise mais qui risque de faire parler de lui. Pour ma part, c'est fait.