Les mêmes causes produisent les mêmes effets: que l'on soit homme ou femme, au Kurdistan, quand vient l'âge de se marier, pas question de batifoler ni de contrevenir à l'honneur des familles, celles-ci se chargent de fournir la pièce manquante, si l'on peut dire. Baran fuit sa mère et la valse des prétendantes trouvées par cette dernière et, pour ce faire, décide de reprendre du service en tant que fonctionnaire de police. Quant à la belle Govend, malgré ses 27 ans, elle ne se décide pas à convoler: elle choisit plutôt de s'éloigner des siens et de continuer à exercer le métier qui la passionne, celui d'institutrice. Les voilà qui se retrouvent donc, tous deux, dans un coin perdu du Kurdistan, aux confins de l'Iran, de l'Irak et de la Turquie. Dans ce paysage de montagnes,à la fois superbe et effrayant de rudesse, règne Azzi Aga, un potentat local, organisateur des trafics les plus louches et dont personne n'ose contester l'autorité. Baran, lui, prend la décision de le défier et de rétablir l'ordre et la loi dans ces contrées perdues. L'affrontement aura lieu, non seulement entre Baran et le tyran Azzi, mais entre ce dernier et l'institutrice, car bien sûr entre les deux esseulés Baran et Govend naît et grandit une affinité qui ne tarde pas à engendrer les pires ragots.
Le réalisateur Hiner Saleem a choisi, on l'aura compris, de transposer au Kurdistan les codes et les thématiques du western. C'est tout juste si, au détour d'un chemin, l'on ne s'attend pas à voir surgir un cow-boy buriné qui aurait les traits de Gary Cooper ou de John Wayne! Mais non, on a bien affaire à des acteurs kurdes ou iraniens et ça fonctionne parfaitement. On est même subjugué, tout au long du film, par le talent du metteur en scène et par le jeu irréprochable des acteurs. Cela donne un film fascinant, captivant. De la violence, des tensions, il y en a, comme dans les meilleurs westerns. Mais il y a aussi quelques petites touches d'humour qui sont les bienvenues, ainsi que quelques séquences de pure grâce. Quand Govend joue d'un instrument à percussion qu'on appelle, paraît-il, un hang et qui produit les sons les plus harmonieux, c'est si beau, si merveilleux qu'on aimerait que cela ne s'arrête jamais!
8/10