Il y a déjà 17 ans, le réalisateur français d'origine kurde Hiner Saleem nous avait offert un excellent premier long métrage, particulièrement prometteur : "Vive la mariée... et la libération du Kurdistan". Depuis, 6 films s'étaient succédé, tous plus ou moins décevants, le pire étant "Vodka Lemon". Par contre, le dernier des 6, "Si tu meurs, je te tue", sorti en 2010, montrait un petit retour en forme. Avec "My Sweet Pepper Land", le 8ème long métrage d'Hiner Saleem, présenté dans la sélection "Un Certain Regard" à Cannes 2013, on peut parler de grand retour en forme. Ce film, Hiner Saleem est allé le tourner dans son pays d'origine, le Kurdistan. Plus précisément, dans la région autonome du Kurdistan, entité faisant partie de l'Irak. Ce film commence par une scène tragique dans laquelle le réalisateur arrive malgré tout à nous faire rire : le manque d'expérience en la matière fait que la première exécution capitale dans ce Kurdistan devenu autonome tourne au fiasco le plus total ! Le film, ensuite, devient un véritable western, un de ces bons westerns très classiques avec, en prime, une dose d'humour assez féroce et particulièrement bien venue. On y retrouve l'héroïne féminine, Govend, une jeune femme de 28 ans, célibataire, une institutrice qui a réussi à obtenir de son père d'aller enseigner dans un village aux confins de la frontière turque. Il y a le shérif, Baran, en fait commandant de la Police dans ce même village. Il y a l'adjoint du shérif. Et puis, bien sûr, il y a la bande de méchants qui fait régner la terreur dans le village et ses alentours sous la houlette du potentat local, Aziz Aga. A Baran, Aziz Aga suggère de se contenter de toucher sa paye et de ne s'occuper de rien. Quant à Govend, inimaginable qu'une femme célibataire puisse s'occuper de l'éducation des enfants. Pour Aziz Aga, un problème : Baran est intègre ! Quant à Govend, ses frères ne pourront jamais l'empêcher d'être d'une beauté renversante. Produit par Guédiguian, "My sweet Pepper Land" est à la fois un film passionnant, souvent drôle et très intéressant d'un point de vue documentaire. On y retrouve la sublime actrice d'origine iranienne Golshifteh Farahani dans le rôle de Govend. A ses côtés, la plupart des personnages sont interprétés par des acteurs non professionnels et tout à fait excellents. Bien entendu, les paysages sont magnifiques et la musique, très variée et choisie avec soin par le réalisateur pour renforcer ce qu'il montre par les images et les dialogues.