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saxoman
15 abonnés
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4,0
Publiée le 20 mai 2014
On ne peut pas laisser passer un western qui a pour somptueux décors les confins du Kurdistan, entre Irak et Turquie. Dans ce film magnifique, le réalisateur met le doigt sur le décalage entre les mentalités rétrogrades des campagnes (très) profondes et l'aspiration à la modernité et à l'égalité des droits entre hommes et femmes dans ce Kurdistan qui se construit, après avoir trouvé enfin l'indépendance. J'ai juste trouvé improbable ce groupe de résistantes Turques d'origine Kurdes qui ont pris le maquis mais je me trompe peut-être. Les paysages étant grandioses, le photographe n'avait que l'embarras du choix pour nous en mettre plein la vue. A voir mais vite car il disparait déjà des écrans !
Malgré son ancrage contemporain et le lieu de son action, "My Sweet Pepper Land" ressemble à un western à la Leone, avec des gros plans sur les visages, des plans larges sur des paysages désertiques, une histoire d'amour entre âmes esseulées, le saloon – ou en tout cas son équivalent – où se réunissent tous les villageois et le chef de bande local terrorisant la région. Tout ça est très classique, mais il n'y a pourtant rien à redire : la mise en scène est impeccable, le récit prenant et le couple charmant et crédible. La dénonciation de la misogynie est plutôt subtile, prenant par exemple les traits du conte social quand les frères de Govend se rendent au village tout en pouvant se révéler plus violente quand il s'agit de montrer les rebelles féministes. De même, l'intérêt ne faiblit jamais et la beauté surgit à de nombreux instants, l'isolement de l'endroit en faisant un microcosme à part, une sorte de paradis à construire pour les amoureux. Tout cela reste assez surprenant parce que le contexte politique autour de cette histoire est assez rude, mais malgré la violence, la légèreté prime toujours, d'où un charme constant. L'humour, omniprésent, apporte beaucoup à cette ambiance picaresque et fait, tout comme l'excellente Golshifteh Farahani, qu'on a envie de rester dans ce village bien après la fin du film.
J'ai reçu ce film comme un conte par trop manichéen, voire à la limite du caricatural. Le réalisateur nous projette dans un coin paumé de l'Irak - au Kurdistan, en limite avec l'Iran et la Turquie - dans un monde microcosmique régi par un Islam incompatible avec la liberté de la femme (cette société d'hommes ne propose à la femme que de devenir au plus vite épouse et mère). Caricatural, oui, tant il y a les "bons" d'un côté (le héros, las de la guerre pour l'indépendance kurde, et l'institutrice revendiquant de pouvoir être libre dans ses choix) et les "méchants" (le petit "caïd" local, flanquée de sa clique de mecs machos dévoués, le toubib qui n'a pas de sens moral et fonctionne au bakchich). Entre le héros mâle, venu là pour échapper à sa mère marieuse (scènes assez drôles) avec la farouche détermination de faire régner l'ordre dans ce coin de pays désorganisé (période post Saddam) et la jeune institutrice en mission (l'accès à la connaissance pour les enfants) naîtra un "amour pur". Voulue ou non, l'ambiance western (les superbes paysages contribuent à ce ressenti) est, par moments, palpable. Nos 2 héros détonnent, certes, dans ce trombinoscope peu sympathique et reluisant. Mais bon, c'est quand même un poil mièvre !
Au delà de la peinture sociale d'une culture et d'un pays, on est surpris par la beauté de la région. L'histoire est prenante et les acteurs principaux très attachants. La fin est toutefois un peu bâclée.
Vraiment formidable. Vu en avant-première au festival d'Auch en octobre, ça reste un souvenir extraordinaire. Le film est parfaitement maîtrisé et excellemment joué.
Après la chute Saddam Hussein en 2003 et la fin de la tenaille Irakienne sur le virtuel Kurdistan s’étalant sur 4 pays, celui-ci s’encourage à organiser un Etat discipliné et sécurisé, même si l’hégémonie Turque, soutenue par les chefs montagnards autochtones, prédomine sur la majorité du territoire. La romance pénètre le journalisme avec l’arrivée dans un village rural, moyenâgeux, isolé, en bordure de la frontière irako-turque, du nouveau « shérif », avec son pouvoir légal, et de la nouvelle institutrice, représentant le lettrisme et l’ouverture au monde. Ancien résistant contre le régime irakien, il préfère ce sort à l’étouffement traditionaliste de sa famille, tandis qu’elle fuit le sexisme marital et le tribalisme carcéral de la sienne. Convertir corruption et obscurantisme ancestraux en une amorce d’évolution vers un monde de droit les amènent à soutenir la résistance, et contrer le puissant seigneur local. Diffamations, découragements face à un univers subordonné aux règles claniques, intimidations, puis violences et guerre ouverte mènent ce western franco-germano-kurde en un mélange d’aventures humaines clairement engagées et à une prise de conscience politico-sociale. La finesse maitrisée de la culture par Hiner Saleem, le poids des dangers, enjeux et conséquences indigènes, se marient étonnamment avec la jubilation d’un traditionnel bon spectacle modèle far-West. L’analogie se confirme par ses drames et bouleversements constituant la construction embryonnaire, maladroite et brutale d’un pays qui n’existe pas encore, d’un village qui cherche son identité et même des psychologies des protagonistes.
"My Sweet Pepper Land" de Hiner Saleem est un film exotique et rafraîchissant. L'action se déroule au Kurdistan, cette région de l'Iraq devenue indépendante de fait depuis 2003 et la chute de Saddam Hussein. Ancien combattant pour l'indépendance, Baran est entré dans la police. Il incarne les aspirations et les contradictions de ce jeune État qui peine à faire respecter la loi sur son territoire. Nommé dans une petite ville reculée, à quelques encablures de la frontière turque, il doit affronter Aziz Aga, le potentat local qui s'appuie sur la tradition pour faire régner la terreur. Il croise le chemin de l'institutrice du village, la belle Govend qui, elle aussi, combat par son travail le patriarcat qui voudrait la cloîtrer et la marier.
Ce film inclassable mélange plusieurs genres : le western au premier chef façon "Les sept mercenaires" ou "Il était une fois dans l'ouest" ("il était une fois dans l'est" titre joliment Libération), le film noir dans le dernier quart d'heure, la comédie romantique avec l'idylle qui se noue entre les deux héros et la comédie loufoque façon Kusturica. Rajoutez-y la beauté à couper le souffle de Golshifteh Faharani (l'actrice de Syngue Sabour) et le son envoutant du hang, vous obtiendrez l'une des plus réussies surprises cinématographiques du moi.
Un western qui se passe en Irak ! Le bon la belle (très belle) et la bande de vilains tout y est ! De plus la photographie est très belle et les paysages somptueux.
My sweet pepper land.....Un film kurde. Je n’en ai pas vu beaucoup. A part si l’on considère ceux de Yilmaz Guney, mais à l’époque on disait «turc». Qu’importe. Dans le désert cinématographique ambiant, ce film fut une bénédiction. En fait, c’est un western. L’histoire d’une fille qui veut absolument continuer à enseigner dans le pire endroit du pays, territoire sur lequel règne un genre de seigneur mafieux contrebandier de la pire espèce. C’est aussi l’histoire d’un homme, un flic, qui ne supporte plus l’instabilité constitutionnelle de son pays d’une part, ni sa mère qui cherche absolument à le marier d’autre part, et qui finalement décide d’aller faire régner l’ordre dans...le pire endroit du kurdistan. Bien sur une histoire d’amour se noue entre la maitresse d’école et le «shérif». Je n’en dirai pas plus. Le film est somptueux. La mise en scène va à l’essentiel, sans chichi, ça m’a presque fait penser par moments à du John Ford (si si j’assume la comparaison). Les comédiens sont formidables, Golshiftey Farahani que l’on avait vu dans Pierre se Patience est exceptionnelle, et le tout fait LE film que l’on n’attendait plus par ces temps de disette. La scène d’ouverture pourrait à elle seule être un court métrage, concentré d’humour noir, exemple incroyable de ce qui se passe régulièrement entre la police, la justice, et la religion dans un pays tel que le Kurdistan. Je recommande vivement.
Si le scénario n'a en soit rien d'originale (en tout cas pas pour moi avec tout ce que j'ai lu et vu sur le sujet), le film est d'une très belle beauté. Une qualité de réalisation qui nous fait voyager malgré le sujet "lourd" qui nous est présenté. Une beauté des paysages, une propreté des plans et des cadres et une beauté des personnages voilà ce qui fait l'une des forces de ce film. Il faut savoir qu'Hiner Saleem est un réfugié politique en Europe qui pour autant n'a jamais cessé de défendre et dénoncer la politique et la culture conservatrice de son pays natale. C'est le premier que je vois de ce réalisateur, mais il a suscité mon intérêt pour sa filmographie (quand j'en aurai le temps). La particularité de "My sweet pepper land" c'est également sont faible casting composé de deux acteurs : Golshifteh Farahani et Korkmaz Arslan. Les autres personnages sont interpréter par des non professionnels (Natifs du village, du pays, amis,...) ce qui donne davantage de réalisme pour les faits dénoncer. On voyage, on s'émouvoit, on s’indigne, on se révolte, bref autant d'émotion qui nous montre que le film est réussi. Le scénario dénonce essentiellement la place de la femme dans cette culture et cette politique, un pays en reconstruction qui se confronte entre modernité et tradition. En bref c'est à voir, et c'est surement un des meilleurs films sortie en avril et qui est malheureusement passé totalement inaperçus au milieu de ses grosses production américaine. Alors n'hésitez pas, foncez ;)
Ce drame Kurdes dispose d'un scénario remarquablement bien écrit, emprunt de clins d'oeil aux westerns, mettant en scène la corruption et la soumission, ainsi que de superbes paysages et est interprété par d'excellents comédiens. Une belle réussite !
Pays sans état, le Kurdistan s’étend entre Turquie, Iran et Irak, « son triangle des Bermudes ». C’est dans un village de montagne, proche de l’Irak, que Baran est envoyé comme chef de Police après avoir vaillamment combattu contre Saddam Hussein. Il va tenter de mettre fin aux trafics en tous genres, couverts par le caïd local. C’est dans ce même village que la belle Govend débarque comme institutrice, fuyant ainsi le mariage arrangé par sa famille.
On devine forcément ce qui va se passer entre le justicier et l’insoumise. Mais l’essentiel est ailleurs. Justice et liberté, c’est évidemment ce qui manque le plus dans une région prisonnière de sa propre violence. La première scène montrant une tentative de pendaison dérisoire et bâclée donne le ton du film : on peut rire du pire ! Y compris de l’obscurantisme familial qui étouffe la moindre velléité émancipatrice.
Hiner Saleem n’arrête pas de s’affranchir des stéréotypes. Parce que l’humour est son arme. Et qu’on peut voir son film comme « un hommage direct au western », dont il adopte certains codes. Et qu’à défaut adoucir tous les mœurs, cette distance lui permet de se moquer de l’absurdité du monde. Une absurdité qui contraste avec l’empathie des personnages, notamment Golshifteh Farahani, vue dans « Le Passé », et la majesté des paysages de montagne, puisque tout le film est tourné en décors naturels.
Ce western kurde tragi-comique bénéficie d'une interprétation impeccable et de très beaux paysages. Le tout est un peu prévisible mais le message est fort et sonne juste.
Une bien belle réussite que ce doux piment..... Une sorte de 'Il était une fois dans l'Ouest" qui aurait pu s'appeler "Il était une fois au Kurdistan". La première scène est superbe d'absurdité où l'on voit un général proclamer avec ravissement qu'il est fier que pour la première fois la peine de mort puisse s'appliquer au Kurdistan et tout çà grâce au juge, au médecin, au mollah et à la police...... une scène d’anthologie..... Golshifteh Farahani est parfaite dans son rôle de femme essayant d'échapper au poids des traditions mais Korkmaz Arslan m'a le plus étonné par sa présence et son charisme, il campe un incorruptible au milieu des mafieux d'une convaincante réalité..... Un humour féroce traverse ce film pour dénoncer la tradition, la religion et ses représentants et promouvoir un peu de féminisme. Un village isolé du monde où se concentre tous les problèmes d'un pays.... quelques moments un peu bâclés m'empêche de mettre cinq étoiles mais vraiment my strong pepper land est une réussite.....
Une modeste petite perle baroque bien joué qui nous initie dans le nouvel état kurde d' Irak aux apprentissages de la démocratie et des droits de la femme ...plus que de l'homme . A recommander !