"Bodybuilder" se concentre avec force et justesse sur les retrouvailles entre un fils plongé dans de sales draps et un père lui, plongé dans un autre monde, celui du bodybuilding !
Cette rencontre va devenir l'enjeu essentiel du film en reposant sur l'observation fine, précise de ces deux personnages étrangers l'un à l'autre que tout oppose et que tout réunit à la fois !
Autant l'un semble faible, voleur, menteur, dissimulateur, autant l'autre a un mental et un corps d'acier, une volonté et une détermination sans failles ou presque...
Mais sous ces apparences, tout n'est pas aussi évident et tranché !
Chacun cache une part de soi qui va se révéler à l'autre, au contact et au rapprochement de ces deux êtres.
On est donc complètement pris par cette relation père/fils et à son évolution qui comme fonctionne le système des vases communicants, chacun va en effet prendre et apprendre de l'autre !
Ce père qui s'est reconstruit une vie à travers son physique et sa passion, a en effet laissé de côté son rôle de parent pour lequel il n'était pas fait en démissionnant complètement étant jeune ! Comme si cette reconstruction pourtant bien égoïste sur le fond, à l'image de ce monde si particulier, lui donnait toute la légitimité et la force qu'il n'avait pas à l'époque, pour maintenant pouvoir reprendre en main son fils...
Tandis qu'Antoine, lui de son côté, balance entre amusement et admiration face à ce besoin presque puéril de de s'admirer, de se montrer, de s'exhiber, tout en apprenant à connaître et à comprendre cet homme si différent de lui.
Pour mener à bien cette étude psychologique très fouillée, les deux comédiens font ensemble un travail sacrément puissant et d'une grande justesse, tant dans leur regard si expressif où les yeux parlent plus que les mots, que dans les expressions et les postures du corps et cest ainsi, que le moindre dialogue, la moindre remarque sont d'une intensité remarquable !
Les quatre vérités que chacun des deux se crachera à la figure, résonnent ainsi avec éclat et beaucoup de vérité...
On ne s'étonne pas du talent de Vincent Rottiers, fascinant et toujours à l'aise dans ce genre de composition mais on reste également ébahi face aux qualités d'interprétation de ce colosse qu'est Yolin François Gauvin !
Quant aux seconds rôles, on ne peut que saluer l'apport et la crédibilité de chacun afin de donner un équilibre et une dimension forte à ce film, avec une mention toute particulière à Marina Foïs, très douce et humaine dans ce monde du spectacle du muscle.
Un beau film intelligent et prenant que nous offre là, Roschdy Zem qui est paradoxalement d'une infinie délicatesse quand on songe aux images véhiculées tout au long de cette histoire de gros bras...
La fin surprenante et pleine d'humour en est d'ailleurs une excellente illustration !