Amis du cinéma d'horreur, bonjour. Il y a de cela quelques années, WWE Studios (connu pour attribuer des rôles à ses catcheurs emblématiques dans des films parfois pas si mauvais que ça, voire même assez bons) nous offrait son premier essai dans le domaine du slasher movie, présentant le célèbre Kane comme un tueur imposant et charismatique. Le film, singulier et réussi, proposait, avec une pâte singulière, un slasher aux ficelles classiques mais audacieux et jouissif dans sa globalité. Une petite pépite qui n'aura pas marqué l'histoire mais qui valait largement le visionnage pour tout amateur du genre. Huit ans ont passé, et les fans ont récemment pu assister à ce qu'ils n'auraient jamais pu espérer, la renaissance de Jacob Goodnight (que l'on pensait pourtant bel et bien mort à la fin du premier métrage - mais c'est bien connu, les armoires à glaces sanguinaires s'offrent des résurrections quand bon leur semble) pour un nouveau massacre. Aussi réussi que le précédent ? Pas forcément malheureusement. Le changement de cadre (ici une morgue - pendant le service de nuit, ça va de soi) est (toujours) bienvenu; malheureusement, non seulement ce nouvel environnement ne vaux pas le premier (l'hôtel délabré était plus original), mais aussi est-il particulièrement usé. Halloween 2, Cold Prey 2, ... Le coup de la séquelle en milieu hospitalier n'est pas forcément le choix le plus judicieux pour surprendre. D'autant plus que le(s) scénariste(s) semble(nt) ne pas avoir vraiment voulu faire de gros efforts pour utiliser l'environnement à l'avantage du film. Les mises à mort, elles aussi, ont du mal à rester dans nos mémoires. Autant See No Evil premier du nom nous gratifiait de quelques death scenes particulièrement bien pensées, autant celui-ci fait dans la facilité, supprimant ses victimes de manière ou trop classiques, ou pire, en hors champ. Les méthodes de ce croquemitaine moderne se rapprochent beaucoup de celles de son cousin Jason Voorhees (Vendredi 13), dont il emprunte ici l'arme principale en trouvant une machette peu après son réveil, pour perdre un peu de la fantaisie créative qui l'animait autrefois, ce qui est assez dommage. Bon, le coup du "je te choppe par la gorge pour te soulever du sol" fait toujours son petit effet, m'enfin... Ce qui surprend aussi lors du visionnage du film, c'est le côté "bétail" des personnages. Pas tant en ce qui concerne leur personnalité (dans ce genre de films, les clichés vus et revus sont une tradition ancestrale), mais plutôt en ce qui concerne leur durée de vie. Car autant le monstrueux Kane ne met pas longtemps à se mettre en action (et c'est tant mieux !), autant il se révèle rapidement un peu trop prolifique, supprimant la majorité de ses victimes (déjà peu nombreuses, moins que dans le film précédent) un peu trop vite, pour laisser place à la traditionnelle confrontation finale, qui il faut bien le dire, ne casse pas trois pattes à un canard. Le scénario, également, ne va pas chercher bien loin (ce qui certes n'est pas une surprise pour un film d'horreur, mais tout de même). Un tueur pas si mort que ça, des médecins, un groupe d'amis venus fêter l'anniversaire de l'un d'entre eux, et basta. On aurait aimé des futures victimes parfois plus creusées, un approfondissement du personnage de Goodnight, ou encore une petite surprise de fin comme le film précédent l'avait fait. Il n'en ai malheureusement rien pour cette suite, qui se contente d'une sur-utilisation de flashback pour combler les vides. Un autre défaut du film : la présence de Danielle Harris. Pas mauvaise actrice, et pas désagréable à regarder, elle a cependant la fâcheuse tendance d'être un peu trop présente dans le cinéma horrifique, s'appropriant généralement un rôle important (Halloween 2), sinon principal (Hatchet 2/3). Et au bon d'un moment, bah c'est comme Nabila, on s'en lasse, et sérieusement. Dieu merci, on notera la performance (bien que trop courte) de Katharine Isabelle dans son second rôle de nymphomane écervelée et excentrique, qui apporte une touche d'humour et de fraîcheur au film, comme on l'ont fait Parker Posey dans Scream 3 ou Leah Pipes dans Sorority Row. Que reste-t-il donc à garder de See No Evil 2, s'il n'égale pas son grand frère ? Peut être le côté "slasher encore plus classique", peut-être un peu -trop- classique, même, mais que certains apprécieront. La réalisation, également, moins marquée mais tout de même correcte. Ou peut-être tout simplement le fait que même s'il n'est pas le film de la décennie, il reste néanmoins un bon petit film pour les amateurs du genre, genre dans lequel on est tellement habitué aux daubes infâmes qu'on se contente largement du "pas mal", même du passable. Mais surtout, ce que l'on retiendra, c'est le retour du Kane, plus en forme que jamais, qui même s'il ne fait pas autant d'étincelles que lors de sa première apparition dans ce rôle, fait un come-back très sympathique (en s'offrant un nouveau look, s'il-vous-plaît), qui non seulement prouve que Jacob Goodnight est l'un des croquemitaines les plus agréables à suivre dans le paysage horrifique actuel, mais qui également nous donne envie de voir les producteurs remettre le couvert pour un troisième massacre. On croise les doigts.