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stebbins
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4,5
Publiée le 23 avril 2012
Un très grand film, peut-être même un chef d'oeuvre. Rainer Werner Fassbinder maîtrise et utilise le décor de manière unique, appropriant l'héritage théâtral au cinéma. Sur le plan dramaturgique Les Larmes amères de Petra Von Kant est une leçon. Une vraie, un modèle pour les jeunes réalisateurs : anti-naturaliste, presque expressioniste, le jeu des actrices est une définition de l'émotion passionnante qu'incarne la crise. Les dialogues, très écrits mais musicaux avant tout, sont d'une beauté désespérante, toujours au service d'un scénario d'une superbe profondeur. Fassbinder est à ce point cinéaste qu'il parvient à faire d'un huis-clos quasi-vaudevillesque une étude terriblement filmique du désespoir amoureux. On pense une nouvelle fois à l'impitoyable Bergman pour l'incursion psychologique, même si la mise en scène - principalement les cadrages et l'utilisation de la couleur - s'en éloigne considérablement. Extrêmement nuancé dans sa portée existentielle, Les Larmes amères de Petra Von Kant est une oeuvre magnifique et très aboutie. Les plans sont d'une plastique à se pâmer. A voir, définitivement.
Les Larmes de Petra von Kant est une oeuvre clef dans l'ensemble de la réalisation de Fassbinder. Travail centré sur la femme, les Larmes de Petra von Kant est fondée sur l'expression, le discours et la tension psychologique. Petra Von Kant dégoûté des Hommes se prend d'amour pour une superbe femme dont elle fait son élève. L'analyse de l'espace et du temps est intéressant pour compendre l'oeuvre. L'appartementde Petra concentra la lumière sur la chambre à coucher, décorée par un tableau de Poussin chantant la débuche et la permissivité. Cette chambre est en quelque sorte l'apologie de l'hédonisme. Le reste de l'appartement est sombre, occupé par Marlène, servante opprimée et dont l'humanité est bafouée, il révèle l'ambivalence psychologqie de Petra : à la fois l'ouverture de sa sensibilité et le moisit d'un esprit tourmenté et corrompu. La temporalité du film se compose d'éllipses qui s'intercalent entre de longues scènes statiques. Cela procure la sensation d'un bond en avant à chaque fois vers la déchéance dans un crescendo de folie et de démence de Petra von Kant. Petra von Kant est-elle folle, un peu c'est certains, elle est surtout terriblement égoiste, désillusionée et arriviste. L'amour et la beauté sont-ils liés? Fassbinder l'affirme dans deux lignes artistiques. La première se joue sur le travail plastique réalisé sur von Kant, plus elle est amoureuse plus elle resplendie, surtout dans sa souffrance. La seconde à travers l'évolution psychologique des personnages, finalement l'oeuvre perd de sa beauté dans le retour à l'odre final, elle est à son sommet quand von Kant fleurte avec Karine. Dans cette volonté de montrer l'amour comme la beauté du mal et de la corruption Fassbinder alerne entre crise et détente. Le regard est alors plongé dans l'insaisissable ce qui empêche tout jugement moral envers les personnages, une fuite en avant de leur destinée se produit sous nos yeux. Une géniale mécanique qui conduie soit à la mort soit à la rédemption.
Huis clos d’amour, reflet illusoire des apparences ou passion purgatif, «Die Bitteren Tranen der Petra von Kant» (Allemagne, 1971) de Rainer Werner Fassbinder dispose d’une mise en scène singulière de par son unité spatiale mais aussi une identité temporelle curieuse, les ellipses dévoilant à chaque fois un nouvel état dans le parcours de la folie amoureuse. La construction du lieu unique en lui-même indique l’empreinte du film. Fassbinder organise son espace entre deux essences des choses, toute deux raccordés à l’apparence. Une face du mur représente la peinture de Poussin : «Midas et Bacchus», tandis que l’opposé est un atelier couvert par l’ombre de son confinement, remplis de mannequins et du personnage de Marlene (mannequin vivant par ailleurs). L’espace de la salle oppose l’art au pragmatisme, et si Fassbinder en vient davantage à éclairer le côté pictural, c’est parce que Petra von Kant s’adonne davantage aux futilités plaisantes de la vie qu’à ses nécessités premières. Entre ces deux images de la représentation (le Beau et l’artisanal), se positionne le lit, lieu où l’amour se dévoile. Car c’est bien d’amour que traite Fassbinder dans cette œuvre, d’un amour ravageur donné en gain mais qui se révèle très vite le fléau des âmes. Petra von Kant, tombant éperdument amoureuse d’une jeune femme, est ce Midas à qui on a donné pouvoir de tout changer en or mais qui se voit très vite maudire son vœu. Petra von Kant s’adonnant à l’amour se tue d’en trop avoir. Et comme Midas qui se trouve guéris mais pourvu d’oreilles d’âne, Petra von Kant en sortira rétabli mais voué au noir du cinéma, à l’oubli de la lumière, à la solitude éternelle. Le cinéma de Fassbinder, conviant catharsis et distanciation, typiquement brechtien, crée là une œuvre sur l’amour des plus expressifs et des plus véhémente, malgré son apparente douceur. En l’amour règne bien plus l’apparence que la délivrance : vérité que seul le cinéma peut permettre.
Ce film m'a durablement marqué par son intensité réaliste, par l'aura de Margit Carstensen, par la classe de ses cadrages et par le trouble de cette relation ternaire.
Fassbinder au sommet de son art dans ce huis-clos féminin passionnant. Centré autours du personnage de Petra Von Kant magnifiquement interprété par Margit Carstensen au sommet de son art, le film décrit avec subtilité les rapports de force (maître / esclave) entre une styliste imbue de sa personne et névrosée, une servante totalement soumise et une amante ambitieuse et calculatrice. La caméra virtuose de Fassbinder filme avec une esthétique toute bergmanienne ces visages de femmes mises à nu dans un décor quasiment minimaliste. Un film violent, bouleversant et d'une infinie richesse.
Ce film est trop classe. Fassbinder utilise magnifiquement bien l'espace, j'ai rarement vu des plans aussi ingénieux. Le scènario est diabolique et criant de vérité . . . la psychologie des personnages est vraiment terrible. En quelques phrases, il arrive a dresser des personnages complets, très épais qui parraissent TROP rééls. C'est un film sur les rapports dominant/dominés . . . impossible de pas se reconnaitre à certains moments. Ajoutons à cela que c'est terriblement jouissif de voir le personnage de Petra, déjà névrosé à la base, devenir complétement dingue.