Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
tomPSGcinema
749 abonnés
3 323 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 17 juin 2012
Adapté d’un de ses pièces de théâtre, Fassbinder nous livre un excellent huis-clos, car la mise en scène est vraiment élégante et le récit monte crescendo en intensité. A ce titre, on notera une dernière demi-heure très prenante en grande partie aussi à la superbe performance de Margit Carstensen qui campe dans le rôle principal une styliste autoritaire, alcoolique et qui s’éprendra pour son plus grand malheur d’une jeune fille arriviste. Côté casting, on retiendra aussi la très bonne prestation d’Irm Hermann qui joue le rôle d’une secrétaire dévouée et qui ne parle jamais.
Considéré comme un film important de Fassbinder, "Les larmes amères de Petra von Kant" (titre sublime) est une expérience éprouvante qui met en évidence le statisme de la mise en scène de son auteur. Le talent de Fassbinder est indéniable mais le cinéaste en est tellement conscient qu'on finit par ne voir qu'une esthétique imposante qui broie ses personnages et filtre chaque sentiment au lieu de le laisser jaillir. Il ne s'agit pas de contester l'élégance de certains travellings ou le travail remarquable sur l'alternance du flou entre avant et arrière-plan mais à un tel degré d’exhibitionnisme de la mise en scène, on suffoque vite d'ennui. Malgré sa beauté formelle, qui n'en demeure pas moins systématique, le film laisse indifférent, même dans ses moments de confrontations où les mots d'oiseau fusent à une vitesse impressionnante. D'une grande violence, ces scènes ne procurent pas l'intensité visée dans la mesure où elles ne sont que l'illustration d'un programme qui voit le personnage central sombrer dans la solitude et la folie. Avec "Les larmes amères de Petra von Kant", Fassbinder signe un film certes ambitieux mais surtout écrasant.
Fassbinder et ses titres... peut-être l'un des plus beau (et ce n'est pas peu dire). Fassbinder et ses microcosmes (dont nous avons ici l'un des plus petit). Les larmes amères de Petra von Kant est bien plus qu'un beau titre, c'est avant tout un beau film qui a deux qualités majeures plutôt utiles pour du cinéma, c'est-à-dire qu'il est très bien écrit et très bien mis en scène (un défaut, mais c'est peut-être juste moi, je n'ai pas été très ému par cette histoire, sans doute car je ne pouvais pas forcément le reconnaître dans un personnage de ce huis clos féminin).
Ce film c'est un peu comme une pièce de théâtre en cinq actes. On commence on expose les personnages, la situation de départ et puis le personnage qui semblait être anodin va prendre de plus en plus de place dans le film et dans la vie de von Kant qu'elle ne pourra plus se passer d'elle. Et honnêtement je la comprends, le personnage, l'actrice, sont magnifiques, un visage, un physique qui semblent être d'une grande pureté et la voir dire pour vexer von Kant qu'elle était avec un homme noir, avec une grosse saucisse noire contre sa peau blanche... ça fait quelque chose ! Une telle fille ne peut être comme toutes les autres, terriblement ordinaire... et bien si... elle l'est... elles le sont toutes... et c'est la séquence du film que j'ai adoré (dans le troisième acte), car j'arrivais à me sentir à la place de von Kant, à éprouver de l'empathie. Parce que tout ça c'est très vrai, cette passion qui naît pour une jeune fille qui ne fait qu'utiliser Petra von Kant, qui n'arrive pas à lui dire qu'elle l'aime, sauf si jamais elle se rend compte qu'elle a réussi à l'utiliser pour "grimper", elle qui n'était rien au départ.
Toutes les relations dans ce huis clos féminin me semblent très vraies, la femme qui explique très habilement qu'elle manipule son mari pour avoir le dernier mot (que dirait Schopenhauer ?), les tensions entre elles, les fausses amabilités...
Et puis l'attente du coup de fil, l'attente du coup de fil dans ce cadre magnifique, où Petra von Kant est allongée sur une sorte de moquette, devant une peinture murale d'inspiration romaine... ça en jette.
Faut dire qu'on a un film qui visuellement est juste sublime (comme souvent avec Fassbinder), mais quelles couleurs !
Bref c'est très bien, mais je n'ai pas pu rentrer vraiment dans l'histoire, sauf dans le troisième acte où la désespérance amoureuse semble assez universelle, mais ça reste une leçon de cinéma tant dans l'écriture, dans les rapports humains, que dans la mise en scène, dans la photographie, dans l'utilisation du décor, le tout pour faire un huis clos brillant et assez étouffant.
Avant de conclure j'aimerai juste parler du personnage de Marlene, que je trouve absolument génial, d'une dignité folle, avec toujours une sorte de regard sévère, qui sait encaisser les sautes d'humeur, l'hystérie de sa patronne... et puis au début du film on a cette scène de danse que je trouve juste sublime.
Ce réalisateur a la fâcheuse manie de faire des films qui nous donne vraiment le sentiment d'être pleinement un spectateur... Il ne fait aucun effort pour nous faire rentrer dans l'histoire et pour nous la raconter. On ne voit pas vraiment de "pitch" qui donne envie de voir où va le film... Non vraiment ce réalisateur a une filmographie qui me déplaît. À chaque fois je redonne une chance, je pars super positif... Et à chaque fois je m'ennuie.
13 668 abonnés
12 406 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 30 juillet 2012
Tout l'art de R.W Fassbinder se retrouve dans ce huis-clos fascinant dont la camèra met en valeur les deux actrices principales! Une histoire de vanitè, de pouvoir et d'humilitè, une histoire d'amour au fèminin comme seul le rèalisateur allemand pouvait filmer par le biais des formidables Margit Carstensen et Hanna Schygulla qui vont se dèchirer non parce que du même sexe mais parce que de conditions sociales diffèrentes! Par l'intermèdiaire de Petra, crèatrice irascible, il dissèque brillamment le sentiment amoureux! En sèlection au festival du film de Berlin en 1972, c'est une oeuvre maîtresse de Fassbinder, un drame passionnel et douloureux dans l'Allemagne, dècoupè en cinq scènes avec comme dècor unique la chambre-salon de Petra von Kant dont certains mots frappent ici en plein coeur: "L'être humain est une brute et nous sommes tous interchangeables. Tous. il faut le savoir."...Un indispensable du maître Fassbinder ou l'on a rarement vu des personnages aussi pathètiques! Avec, dernière chose, une superbe chanson des Platters, "Smoke Gets In Your Eyes", qui donne une ètrange impression de languissement entre Margit Carstensen et Irm Hermann...
Un huis-clos est presque toujours bavard mais ici les dialogues ne sont pas virtuoses. Le sujet est barbant et les actrices exagèrent. La réalisation est par contre à la hauteur. Sincèrement, je ne vois pas pourquoi l'ont dit que ce film est un chef-d'oeuvre.
On n'est jamais si bien servi que par soi-même... Fassbinder adapte l'une de ses pièces de théâtre (qui transpose une histoire personnelle). À 27 ans seulement, le jeune créateur surdoué, comparé à Cocteau, fait de cette pièce l'un des huis clos les plus mémorables de l'histoire du cinéma. D'une intensité psychologique rare. D'une lucidité cinglante sur les choses de l'amour. Rapports de domination et de soumission dans le couple, orgueil et humilité, vérités, mensonges et manipulations, plaisirs et dégoûts, joies, souffrances et amertume, raison et folie... Toutes ces thématiques sont développées sur des variations hétérosexuelles, homosexuelles, amicales, filiales, de façon crue et sophistiquée à la fois. Dans une ambiance lourde, étouffante, de plus en plus décadente, le texte, d'une grande qualité, jaillit en dialogues subtils, incisifs, souvent cruels, parfois déchirants. Il témoigne d'une sensibilité aiguë aux rapports humains et d'une grande intelligence dramatique. L'histoire se déroule dans un environnement kitsch et baroque, sur un fond peint de corps masculins alanguis (tableau de Poussin, "Midas et Bacchus") ou un arrière-plan constitué de mannequins féminins nus, diversement mis en scène. Au milieu : un lit, lieu de toutes les rencontres, de tous les secrets échangés, de toutes les unions et ruptures, lieu de vie, de plaisir et de mise à mort. La structuration de l'espace scénique, la direction des acteurs et la composition des plans sont d'une précision remarquable pour que tout fasse sens, symboliquement, en beauté. Les personnages, complexes, sont servis par des actrices excellentes. Le plus mystérieux et fascinant est sans aucun doute celui de Marlène, présence muette, qui entend tout, voit tout, sait tout. Sphinx masochiste qui clôt le drame de façon stupéfiante.
Un monologue presque sans fin car même le dialogue est relié à sa personnalité fascinante. Une élégance et un esthétisme sans pareil. La sensualité et le ton des voix donnent un charme inouï à cette femme unique qui traverse les nuits avec une lucidité languissante. Superbe.
Adaptant sa pièce de théâtre, Fassbinder filme un huit-clos cruel et douloureux (mais un peu bavard dans sa première partie) sur la servitude des sentiments amoureux.
Fassbinder m'a encore noyé dans un propos auquel je n'ai strictement rien compris. J'ai bien identifié les personnages, leurs actions, leurs interactions. Mais sinon, où veut-il en venir ? Les dialogues interminables n'ont aucun sens, les actrices font la tête, le spectateur que je suis s'ennuie cruellement. Quel sens donner à cette histoire ? Mystère. Un horrible de concentré d'hermétisme du cinéma d'auteur 70s, forcément intellectuel et prétentieux.
Un très grand film, peut-être même un chef d'oeuvre. Rainer Werner Fassbinder maîtrise et utilise le décor de manière unique, appropriant l'héritage théâtral au cinéma. Sur le plan dramaturgique Les Larmes amères de Petra Von Kant est une leçon. Une vraie, un modèle pour les jeunes réalisateurs : anti-naturaliste, presque expressioniste, le jeu des actrices est une définition de l'émotion passionnante qu'incarne la crise. Les dialogues, très écrits mais musicaux avant tout, sont d'une beauté désespérante, toujours au service d'un scénario d'une superbe profondeur. Fassbinder est à ce point cinéaste qu'il parvient à faire d'un huis-clos quasi-vaudevillesque une étude terriblement filmique du désespoir amoureux. On pense une nouvelle fois à l'impitoyable Bergman pour l'incursion psychologique, même si la mise en scène - principalement les cadrages et l'utilisation de la couleur - s'en éloigne considérablement. Extrêmement nuancé dans sa portée existentielle, Les Larmes amères de Petra Von Kant est une oeuvre magnifique et très aboutie. Les plans sont d'une plastique à se pâmer. A voir, définitivement.
Rainer Werner Fassbinder adapte sa pièce au cinéma en conservant le huis clos du théâtre. Dans un décor rempli de dorures et de miroirs clinquants, des femmes se toisent, et s’ignorent. Petra la capricieuse styliste, vénérée par le monde de la mode qui ne connait pas son côté autoritaire et inhumain. La domination faite femme, l’illustration de la vanité et des douleurs liées à l’amour. A ses côtés Marlene son assistante, dévouée et soumise, amoureuse très certainement qui va pouvoir témoigner de sa chute, de sa fragilité, au point devenir esclave à son tour lorsque Karin, sa protégée, son égérie, son mannequin vedette va rejoindre son mari… Des portraits de femmes magnifiquement relevés par l’interprétation de Hanna Schygulla et Margit Carstensen dans un face à face aux caprices douloureux. Plus secondaire, mais tellement essentielle, Irm Herman témoigne en silence de cet amour dévastateur que Fassbinder élève au rang d’une humanité contrite. Fassbinder était-il heureux ? Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
On ne peut pas reprocher un seul instant à Fassbinder de chercher à cacher le moindre instant qu'il fait ici du théâtre filmé en réduisant très ostensiblement le nombre de décor à un seul, poussant à l'extrême le style huis clos. Ne s'arrêtant pas ici dans les extrêmes, le casting est uniquement féminin et un des personnages ne dit pas la moindre syllabe tout au long du film ; cette dernière chose rappelant "Le Bel Indifférent", la pièce de Jean Cocteau. Malgré le talent des actrices, il faut avouer que du bavardage filmé simplement pendant un peu plus de deux heures c'est parfois assez gavant, et que si l'histoire d'amour lesbienne a pu choquer à l'époque Monsieur et Madame Schmidt aujourd'hui elle apparaît assez conventionnelle. Dans l'ensemble, l'entreprise est originale mais le résultat est modérément intéressant.
Huis clos d’amour, reflet illusoire des apparences ou passion purgatif, «Die Bitteren Tranen der Petra von Kant» (Allemagne, 1971) de Rainer Werner Fassbinder dispose d’une mise en scène singulière de par son unité spatiale mais aussi une identité temporelle curieuse, les ellipses dévoilant à chaque fois un nouvel état dans le parcours de la folie amoureuse. La construction du lieu unique en lui-même indique l’empreinte du film. Fassbinder organise son espace entre deux essences des choses, toute deux raccordés à l’apparence. Une face du mur représente la peinture de Poussin : «Midas et Bacchus», tandis que l’opposé est un atelier couvert par l’ombre de son confinement, remplis de mannequins et du personnage de Marlene (mannequin vivant par ailleurs). L’espace de la salle oppose l’art au pragmatisme, et si Fassbinder en vient davantage à éclairer le côté pictural, c’est parce que Petra von Kant s’adonne davantage aux futilités plaisantes de la vie qu’à ses nécessités premières. Entre ces deux images de la représentation (le Beau et l’artisanal), se positionne le lit, lieu où l’amour se dévoile. Car c’est bien d’amour que traite Fassbinder dans cette œuvre, d’un amour ravageur donné en gain mais qui se révèle très vite le fléau des âmes. Petra von Kant, tombant éperdument amoureuse d’une jeune femme, est ce Midas à qui on a donné pouvoir de tout changer en or mais qui se voit très vite maudire son vœu. Petra von Kant s’adonnant à l’amour se tue d’en trop avoir. Et comme Midas qui se trouve guéris mais pourvu d’oreilles d’âne, Petra von Kant en sortira rétabli mais voué au noir du cinéma, à l’oubli de la lumière, à la solitude éternelle. Le cinéma de Fassbinder, conviant catharsis et distanciation, typiquement brechtien, crée là une œuvre sur l’amour des plus expressifs et des plus véhémente, malgré son apparente douceur. En l’amour règne bien plus l’apparence que la délivrance : vérité que seul le cinéma peut permettre.