Pour son grand retour au cinéma, l'univers magique et fantastique de J.K. Rowling s'incarne dans les aventures périlleuses du "magizoologiste" (terme employé pour désigner les spécialistes des créatures magiques) Norbert Dragonneau, dans les rues de New-York, 70 ans avant les événements de la saga originelle Harry Potter.
Premier des cinq films prévus de la franchise des Animaux fantastiques, ce volet introductif est plus à considérer comme l'extension de l'univers originel que comme une simple série dérivée, à en croire les propos de la romancière à l'origine de la création de ce monde fantastique. En effet, il est difficile d'établir des liens directs entre les aventures de Norbert Dragonneau en 1927 avec celles du jeune sorcier, entre 1991 et 1998. Toutefois, baguettes magiques, incantations et créatures ensorcelées ne sont pas sans rappeler les éléments qui ont fait le succès d'Harry Potter. Les fidèles du sorcier qui a survécu peuvent donc aisément se retrouver dans la saga des Animaux fantastiques.
A l'origine simple petit livre rédigé dès 2001 par J.K. Rowling, Les Animaux fantastiques finit par être adapté au cinéma 15 ans plus tard, non pas par Alfonso Cuarón comme cela avait pu être évoqué (réalisateur d'Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban), mais par David Yates, cinéaste des quatre derniers volets d'Harry Potter. A ses côtés, de nombreux membres de l'équipe de réalisation des films Harry Potter reprennent du service, notamment le directeur artistique Stuart Craig, le responsable des effets spéciaux Tim Burke et le monteur Mark Day. Et atout majeur du projet : J.K Rowling en tant que scénariste du film, rien que ça ! De quoi rassurer avant même le début du tournage, qui prend lui-même place, en partie, dans les anciens studios Warner Bros d'Harry Potter, près de Londres.
Doté de costumes particulièrement soignés et fidèles à l'époque du récit, comme le confirme l'obtention de l'Oscar des meilleurs costumes en 2017 (un fait inédit pour un film de l'univers Harry Potter), cette réalisation tant attendue profite également d'un casting aussi fantastique que l'est son titre. A commencer par le chouchou du public britannique depuis son apparition remarquée dans Une merveilleuse histoire du temps, Eddie Redmayne, interprète par excellence d’un personnage farfelu et étourdi mais terriblement attachant. Et on ne voit pas qui aurait pu mieux que lui se glisser dans la peau de Norbert Dragonneau et retranscrire aussi tendrement le portrait et la personnalité de ce sorcier sensible. A ses côtés, le principal second rôle est tenu par Katherine Waterston, encore peu connue du grand public et dont la prestation n’est pas très convaincante, une critique que l’on peut également faire à l’égard d’Alison Sudol, dans la peau d’une Légilimens franchement cruche. Dan Fogler qui, comme les deux précédentes actrices, obtient la renommée grâce à ce film, apporte une touche comique qui réussit à aboutir, à presque tous les coups, à un sourire amusé ou à un rire. Avec Eddie Redmayne, plusieurs acteurs arrivent tout de même à tirer leur épingle du jeu, notamment Colin Farrell, charismatique, rigide et rusé dans le rôle de Percival Graves, Auror en charge de la direction de la Justice magique du MACUSA, mais qui est en réalité le redoutable Grindelwald dissimulé sous une fausse apparence grâce à un polynectar. Sa prestation est l’une des plus abouties et accompagne la principale révélation du film, Ezra Miller, encore peu connu. Les fans de The Walking Dead reconnaîtront l’actrice qui prête les traits à Alpha, Samantha Morton, qui interprète d’ailleurs une mère adoptive brutale et insensible, une ressemblance frappante avec son rôle dans la série horrifique d’AMC. Ron Perlman, principalement connu pour être le costaud Hellboy, apparait ici dans un personnage bien plus fragile physiquement, un gobelin peu scrupuleux et en qui il semble très difficile de faire confiance. Enfin, bien que l’apparition de Johnny Depp soit très brève au regard de la durée du film, ceci s’explique par un souci de cohérence narrative, et la fin présage d’ailleurs une présence plus appuyée pour la suite de la saga.
Pour un budget de 180 millions de dollars, ce premier volet atteint son objectif en réunissant 4 millions d’entrées en France et plus de 800 millions de dollars de recettes à l’international. Néanmoins, cette réalisation souffre de quelques faiblesses qu’il me semble légitime de souligner. D’abord, le couple horripilant formé par Jacob Kowalski et Queenie Goldstein. Probablement présent pour apporter du comique à l’atmosphère du film, on peut toutefois se demander si sa présence était indispensable. Pour la comédie, les prestations d’Eddie Redmayne et Dan Fogler sont largement satisfaisantes, et ont le mérite de ne pas basculer dans un humour niais et infantile. Ensuite, le réalisme apporté à ce premier volet, qui s’oppose au déroulement de l’intrigue de la saga Harry Potter dans un univers purement fictif, efface un peu de magie et peut être un frein pour le spectateur qui souhaite s’évader dans un monde imaginaire.
Finalement, ce retour des sorciers de J.K. Rowling au cinéma est une réussite, certes en deçà de celles des films Harry Potter, mais qui a le mérite de contribuer à enrichir cet univers incontournable et inoubliable pour toute une génération.