Les Animaux fantastiques, réalisé par David Yates et scénarisé par J.K. Rowling, est une œuvre qui navigue entre ambition et maladresse. Le film offre un cadre visuel somptueux et des moments de magie indéniable, mais peine à transcender son rôle de préquel et de fondation d'une nouvelle franchise.
L'histoire débute avec Newt Scamander (Eddie Redmayne), un magizoologiste britannique au charme excentrique, débarquant à New York dans les années 1920. La reconstitution de l'époque est impressionnante, chaque détail — des rues bondées aux costumes élégants — contribue à une immersion totale dans cette Amérique magique. Mais si le décor captive, le récit, lui, semble souvent peiner à trouver son équilibre.
Eddie Redmayne incarne Newt avec une douceur intrigante, mais son personnage manque d'une véritable évolution pour captiver pleinement. Ses interactions avec ses créatures magiques, bien qu'adorables et inventives, tendent à prendre le pas sur son rôle central dans une intrigue déjà surchargée. Le Niffleur, espiègle et attachant, vole la vedette dans plusieurs scènes, tandis que d'autres bêtes, comme le Thunderbird, illustrent la créativité de Rowling. Cependant, ces moments ne suffisent pas à masquer une narration parfois brouillonne.
Le casting secondaire apporte un certain relief. Dan Fogler, en Jacob Kowalski, Moldu aspirant boulanger, est une bouffée d'air frais. Son émerveillement face à la magie et sa relation avec Queenie (Alison Sudol), légilimens charmante et pétillante, apportent des touches d'humour et de tendresse qui manquent au reste du film. En revanche, Katherine Waterston, dans le rôle de Tina, souffre d'un développement limité, son personnage étant éclipsé par une intrigue principale qui ne lui laisse pas assez de place. Colin Farrell, en tant que Percival Graves, incarne une menace subtile mais jamais réellement terrifiante, jusqu'à un twist final qui, au lieu de surprendre, confond plus qu'il ne captive.
Le scénario de Rowling, bien que regorgeant d'idées fascinantes, s'éparpille en tentant de jongler entre l'action, l'exposition d'un nouvel univers, et des sous-intrigues politiques. Les enjeux liés aux relations entre sorciers et No-Majs, incarnés par la présidente du MACUSA Seraphina Picquery (Carmen Ejogo), ainsi que les tensions sociétales évoquées à travers la figure de Credence Barebone (Ezra Miller), sont effleurés mais manquent de profondeur. Credence, en particulier, est un personnage potentiellement captivant, mais ses tourments et son lien avec l’Obscurial, élément central de l'intrigue, sont trop peu explorés pour avoir l'impact émotionnel attendu.
Visuellement, Les Animaux fantastiques est une réussite indéniable. Les effets spéciaux sont impeccables, des créatures magiques aux séquences d’action en passant par les paysages oniriques à l’intérieur de la valise de Newt. Ces moments de pure magie cinématographique sont parmi les meilleurs du film. Toutefois, la réalisation de David Yates, bien qu'efficace, reste parfois trop académique, manquant de cette étincelle qui rendrait certaines scènes vraiment mémorables.
La musique de James Newton Howard soutient le film de manière compétente, avec quelques thèmes mémorables, mais elle ne parvient pas à égaler l’impact des compositions emblématiques de John Williams pour la série Harry Potter. De manière générale, le film semble souvent hésiter entre rendre hommage à ses prédécesseurs et se forger une identité propre.
En conclusion, Les Animaux fantastiques est une introduction visuellement séduisante à une nouvelle ère de l’univers magique, mais il manque la profondeur émotionnelle et la cohérence narrative qui ont fait la force des premiers volets de Harry Potter. Si le film est riche en promesses et en moments magiques, il ne parvient pas à s’élever au-delà de son rôle de premier chapitre. Une œuvre qui, bien qu’appréciable, laisse le spectateur sur sa faim.