En septembre 2013, JK Rowling annonce que « Les Animaux fantastiques », son bestiaire paru en 2001 sur l’univers de Harry Potter, sera adapté au cinéma. C’est alors une grosse interrogation pour moi qui suis un gros fan : comment pourrait-on écrire un film sur un simple bestiaire ? Après réflexion, j’avais pensé que si l’on se focalisait sur la quête de Norbert Dragonneau qui a traversé énormément de pays (dont des lieux incartables) pour aller à la rencontre des créatures les plus extraordinaires, cela pourrait donner un film d’aventures féeriques. Je voulais donc donner sa chance à ce projet.
En décembre 2016, le film sort enfin. Il est loin de ce que j’avais pu imaginer. Finalement, on ne parcourra pas le globe mais on restera cantonné à un seul lieu : New-York.
Pourtant, je ne suis pas du tout déçu par ce choix. New-York est vraiment bien exploitée : un tripot, un zoo, Central Park, une banque, des boutiques, etc … La diversité des lieux est finalement suffisante pour ne pas s’ennuyer.
D’ailleurs, il ne s’agit pas de n’importe quel New-York mais celui des années 20. L’ambiance de cette décennie est très bien retranscrite à l’écran. On a l’impression d’y être : de vagabonder dans des rues encore peu fréquentées par les voitures, de slalomer entre les ouvriers, d’aller dans des bars aux ambiances jazzy …
Je pense que la musique n’y est pas pour rien dans cette immersion. James Newton Howard a probablement été un bon choix.
Autre élément important de l’immersion : la 3D. J’avais beaucoup râlé après la 3D de Harry Potter et les Reliques de la Mort – Partie 2 qui, hormis quelques secondes à la fin du film, ne servait strictement à rien.
Dans les « Animaux fantastiques », la 3D sert réellement : plusieurs scènes font sortir des éléments de l’écran. Si je dois payer un supplément pour un film en 3D, j’aimerai que cette 3D serve le film. Ici c’est le cas et c’est suffisamment rare pour être souligné !
Plus largement, le film est bon techniquement : les créatures sont bien numérisées (et variées d’ailleurs mais les scénaristes avaient de la matière pour cela après tout) et les sorts sont de la même qualité que l’octalogie originale.
Cela permet d’ailleurs d’avoir des combats qui soient suffisamment impressionnants.
Passé ces quelques considérations, attaquons-nous à ce qui est, pour moi, le plus important : l’histoire, le ton et les personnages.
L’histoire : en elle-même, on a affaire à une histoire assez classique. Pas désagréable du tout mais pas non plus d’une originalité folle.
Le sous-texte est, lui, beaucoup plus intéressant. Pourquoi ? Parce que plusieurs interprétations sont possibles. Pour vous donner un exemple, concernant le cas des obscurials, ma petite-amie y a vu une allégorie de l’autisme tandis que j’y ai vu les ravages provoqués sur les enfants dont on a bridé la personnalité. Ce sous-texte est brillant et délivre un véritable message et ce sera au spectateur d’aller le chercher dans sa propre expérience.
Par ailleurs, l’histoire est suffisamment riche pour que des théories de fans apparaissent sur le net et soient parfois suffisamment étayées pour qu’elles soient crédibles (par exemple, il existe une théorie sur Ariana Dumbledore que je vous conseille de rechercher si vous avez vu le film et lu le 7ème livre Harry Potter). Quoiqu’il en soit, c’est un bonheur pour un fan.
Le ton : le ton est, lui, assez complexe à définir. Il me semble que majoritairement le film est assez sombre. J’ai vu des bambins dans la salle de cinéma, il ne me paraît clairement pas adapté à leur âge. On a un choix de couleurs en nuances de noir qui traduit les parts sombres de certains personnages qui les dévorent de l’intérieur et qu’ils propagent sur les autres.
Mais à côté de cela, le film est pourtant assez optimiste. L’optimisme vient du côté de Norbert Dragonneau : il me semble qu’il apporte une part de naïveté et d’espoir. Ces mêmes caractères se retrouvent dans deux autres personnages : Jacob Kowalski (un non-mage intrinsèquement gentil et jovial) et Queenie Goldstein (qui porte une véritable joie de vivre). Il y a d’ailleurs beaucoup d’humour dans ce film et je ne m’y attendais pas vraiment !
À mon sens, cette opposition entre un côté dominant sombre et une lueur d’espoir est l’un des véritables points fort du film. Contrairement à ce qu’il pourrait laisser penser à première vue, le film n’est pas si manichéen que cela.
Enfin, les personnages : je les trouve attachants. Ils ont des personnalités fortes. J’aime beaucoup le « clan » de Norbert Dragonneau : ils me donnent envie d’en voir plus.
Mais si les personnages sont si sympathiques, c’est aussi et surtout parce que les acteurs sont très talentueux. Bien sûr, on parle beaucoup, et à raison, d’Eddie Redmayne mais j’aimerai plutôt souligner la prestation de Dan Fogler (Jacob Kowalski) qui a un jeu tellement subtil que l’on ne se rend même pas compte qu’il jour un rôle. Pour moi, c’est la véritable révélation du film.
Ainsi, le studio a réussi à raviver la flamme potterhead qui sommeillait en moi. Désormais j’ai à nouveau envie de suivre la moindre actualité en attendant la sortie du prochain film. Chapeau !