Grosse déception. Après quelques films réussis (Jeune et Jolie, Dans la maison...), François Ozon s'est empêtré lourdement dans cette libre adaptation d'une nouvelle de Ruth Rendell, The New Girlfriend, qu'il a tirée vers l'univers d'Almodóvar. Pour faire hélas du sous-Almodóvar... Ozon développe la thématique - intéressante - de la confusion des identités sexuelles, des désirs, des sentiments, mais ne parvient à trouver ni la force dramatique, ni l'exubérance comique des meilleurs films du cinéaste espagnol. Il navigue entre mélodrame larmoyant et petites touches de comédie scabreuse, mélange de tonalités qui n'a rien de critiquable en soi, mais que l'on aurait aimé voir traité avec plus de subtilité ou plus de folie, au choix. Ozon reste dans un entre-deux pas heureux du tout, qui sonne faux d'un bout à l'autre et s'épuise à force de balourdises dans les deux registres principaux, mélodramatique et comique. Le début du film (à l'exception du premier plan, superbe, sur une mariée dans un cercueil) est une épouvantable guimauve, tout en clichés : récit bien gentillet d'une amitié d'enfance, récit lacrymogène d'une maladie et d'un deuil... On se croirait presque dans une parodie. La suite introduit assez monstrueusement la notion de travestissement au coeur du film, puis cumule les scènes supposées cocasses (quand la belle-mère fait irruption dans la maison), les caricatures sur les travestis, les ambiguïtés sexuelles tous azimuts, les coups de théâtre tragiques et autres rebondissements "hénaurmes"... Difficile, franchement, de rentrer dans cette histoire sans trouver ces artifices de scénario pathétiques ou risibles. Les acteurs font ce qu'ils peuvent : Romain Duris a bien travaillé son déhanché et sa voix de velours, Anaïs Demoustier essaie de croire à son personnage, Raphaël Personnaz joue moyennement le mâle moyen. Mais aucun trouble, aucune émotion ne jaillit de leur partition commune.