"Une nouvelle amie" est donc la dernière idée de François Ozon, réalisateur dont le cinéma a toujours chez moi une grande résonance...
Tour à tour magique, enchanteur et bouleversant (Ricky), amusant et loufoque (8 femmes, Potiche), interrogateur et dérangeant (Jeune et jolie, Dans la maison), cette dernière mouture est par contre passée complètement à côté en me laissant totalement à l'écart de cette histoire pleine d'incohérences et de lourdeurs inimaginables jusqu'à maintenant chez ce réalisateur.
Comment peut-on partir d'un deuil aussi douloureux et cruel, aussi récent pour penser que ce mari éperdu puisse avoir envie tout à coup de faire du shopping avec la meilleure amie de sa femme décédée, mais surtout... lui aussi habillé en femme et seulement quelques temps après l'enterrement !?
Ce point de départ est déjà d'une grossièreté très gênante au point de nous rendre sceptique pour la suite...
Maintenant, la multitude de thèmes abordés est un autre point épineux qui nous éparpille beaucoup trop, en touchant un peu à tout par l'intermédiaire de situations loin d'être subtiles et délicates !
Si bien que cette succession de scènes ou même de rêves, que vit ou imagine Anaïs Demoustier, sonnent faux le plus souvent tant Ozon le fait avec de gros sabots...
Ce n'est pas la théorie du genre, ou la confusion des genres qui me pose problème ici, bien au contraire mais la façon dont elle est traitée, sans réflexion juste et pertinente, sans naturel, mais simplement en usant de clichés servis par des situations caricaturales qui s'empilent les unes après les autres au point de faire rire une salle d'un sujet qui aurait mérité tant de finesse et de discrétion !
Si bien que François Ozon passe à côté du but à atteindre, et sans vouloir jouer au prude ou au "bien pensant", il faut admette que ce veuf éploré, jeune papa interprété par Romain Duris a bien du mal à entrer dans son personnage de travesti en le rendant au final plutôt triste et pathétique, et surtout dénué de toute crédibilité !
De plus, la fin angélique laisse pensif en gommant bien des aspects pourtant essentiels.
Et malgré des moments réussis, émouvants et très forts, malgré le jeu excellent d'Anaïs Demoustier qui se sort admirablement de rôle complexe et ambigu, l'ensemble de ce film ne m'a pas du tout touché et remué comme je l'espérais...
Il est vraiment étonnant que ce réalisateur que je trouve brillant et judicieux par ailleurs, ne m'ait pas convaincu cette fois.
Mais au fond, pourquoi vouloir toujours coller à des sujets d'actualité très tendance pour au bout du compte arriver à ce genre de film plutôt racoleur qui finalement ne sert pas la cause à défendre ?
Que chacun ait la liberté d'assumer ces choix et heureusement, sans qu'il soit nécessaire d'en tirer une réalisation comme celle-ci qui risque plus de stigmatiser que de faire preuve d'ouverture et de compréhension !
À cet effet, le cinéma a pourtant un rôle très important à jouer, il ne faudrait donc surtout pas prendre le risque de tomber dans l'effet inverse...