Ma chronique du film « Une nouvelle amie » de François Ozon.
Difficile de parler de ce film sans parler du réalisateur. Metteur en scène atypique, ne jouant jamais sur le même registre, et toujours à la recherche d’une histoire singulière à raconter. Et sur ce coup, une nouvelle amie l’est.
Une nouvelle amie met en scène David, nouvellement père de famille qui perd sa femme d’une grave maladie. Claire, voisine et meilleure amie d’enfance de Laura entretienne toutes les deux une relation fusionnelle. Lorsque Laura s’en va, Claire y voit comme une perte aussi profonde que celle de David. David et Claire deviennent alors orphelin. Orphelin d’amour et d’amitié. Mais David cache un secret, un secret qui touche à sa sexualité. David va devenir femme, David sera Laura. Mère et père à la fois. Quelle sera alors cette nouvelle relation entre Claire et lui ?
Une nouvelle amie se situe dans une ville fictive. De belles maisons jusqu’aux voitures de sport ressemblant étrangement à une série télé, tel une femme désespérée perdue dans son jardin des oliviers. On pourrait regarder au travers de cette vie imaginaire, et ouvrir la maison de poupée pour en extraire chaque élément.
Le générique du début, une femme se faisant maquiller en plan serré, laisserai penser à une grossière ouverture, et lorsqu’on découvre la scène dans son ensemble, on comprends que ce film ne sera pas comme les autres.
Beaucoup de critiques du film lui trouve une nouvelle sur le trans-genre. Il n’en est rien, pour moi, en tout cas, puisque ce film est à prendre comme un bonbon artificiel. Katy Perry arguant le chaud et le froid (Hot n’cold) en boite de nuit en est le parfait exemple. Mise en scène et jeu d’acteur aussi grossier qu’une sitcom AB. Mais cela est tellement assumé qu’on y prends part avec des rêves pleins les yeux. A la manière de Claire et de ses couettes grotesques tombant amoureux sous les yeux doux de son Marius de mari.
La scène du cabaret aux travestis est juste exceptionnelle. La musique de Nicole Croisille et son « une femme avec toi » fait écho à ce monde étrange. Un beau messieur, ventant la joie d’être une femme.
Il n’y a dans ce film aucune forme de voyeurisme, même si la perversion du personnage David/Virginia le pousse à être une femme. David est le parfait exemple du travestis raté. Même si les traits de Romain Duris, mâchoire carrée, et dentition avenante lui font perdre en crédibilité de femme, mais malgré cela, malgré cette fourberie, on ne peine pas à y croire puisqu’il joue son rôle à la perfection. La première fois que Claire découvre David en femme, m’a fait rappeler celle de Psychose lorsqu’on aperçois Norman Bates déguisé lui aussi en femme.
La seule scène qui pourrait mettre mal à l’aise (Spoiler) est lorsque que David habille sa femme avec sa robe de mariée alors que son cadavre gis dans une morgue au blanc immaculé. Les plans serrés sur ses parties intimes et les caresses de son mari sont belles comme un baisé froid, voulant peur être, réveillé sa belle au bois dormant. Certain pourrait y voire quelque chose de malsain, mais moi je n’y es vue qu’une scène d’amour portée à sa femme déshumanisée.
Une nouvelle amie est t’il une nouvelle façon d’y voir le couple au sein d’une famille d’aujourd’hui ? Je n’ai rien vu de tel. Je me suis laissé embarquer dans cette fable sans me poser de question. Un conte de fée, qui en est un tout compte fait. Puisque les contes de fées ne sont pas fait de simple prince charmant délivrant la pauvre princesse du haut de son château. Une nouvelle amie sera t’il alors le nouveau conte de fée des petites filles et des petits garçons ? Perdu dans un monde nouveau, un monde ou tout semble possible.
Ce film est beau, ce film est drôle, mais jamais moqueur de son sujet. Surfant entre les sentiments de ce nouveau couple, et cette façon de retrouver une nouvelle forme de vie dans la peau d’une femme. Ce film divisera, cela en est certain. Mais laisser vous aller, c’est si bon, parfois, de goûter au pêché. Quant à moi, je m’en vais retrouver ma nouvelle amie, puisqu’on a tous eu envie d’être, un jour, quelqu’un d’autre.