Ida, c'est un objet bizarre. Mais est-ce vraiment un film ?
C'est donc l'histoire d'une fille (Ida) qui part à la recherche de ses parents qu'elle n'a pas connus, avec l'aide d'une tante qui est, à première vue, son exact opposé.
Ç'aurait pu être une sorte de road movie, genre Philomena. Mais non. On ne s'intéresse absolument pas à l'histoire - le réalisateur non plus, sans doute. Pas de jeu d'acteurs. Pas d'émotion - ou si peu, compte tenu du parti pris esthétique du réalisateur. Pas un brin d'humour - là, j'exagère : il y a une réplique drôle.
Le film, c'est une succession d'images ou de scènes (au sens pittoresque, plutôt qu'au sens cinématographique), en noir et blanc. Beaucoup de silences, et peu de paroles. Et le fait est que tout est merveilleusement beau dans ce film : la lumière, les scènes, les cadrages, les mouvements ...
Malheureusement, une fois passé l'émerveillement des dix ou vingt premières minutes, on s'ennuie, profondément. Ça ne dure, par chance, qu'une heure vingt : mais quatre-vingt minutes de belles images, c'est vraiment long. Parce que ce parti pris d'esthétisme extrême, ces images tellement léchées qu'il n'y a plus de chair dedans, on finit par s'en lasser, voire par en rire (par exemple, quand le sous-titrage doit migrer au milieu de l'image parce que les visages des personnages sont juste là où il se trouve habituellement ...).
On peut quand même aller voir ce film, et ne pas le regretter, à cause de cette indéniable beauté formelle, et parce qu'il y a quelques moments de poésie (le tourbillon de la jeune fille dans le voile du rideau, ou ses pieds nus quand elle danse avec le garçon, l'homme recroquevillé au fond du trou qu'il vient de creuser ...). Il y a même une scène de vrai cinéma, inattendue, vivante, originale, tragique, joliment mise en scène.
On peut donc aller le voir. Mais on peut aussi se contenter de la bande-annonce, où presque tout, déjà, est dit.