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Daniel Schettino
25 abonnés
241 critiques
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4,0
Publiée le 21 décembre 2018
Ida, le film de Paweł Pawlikowski, a été salué comme un chef-d'œuvre. Ida est un portrait ascétique en noir et blanc. Le spectateur doit se concentrer sur les relations entre sœur Anna et sa tante "rouge" Wanda. Grâce à Wanda, sœur Anna apprend qu’elle est juive (son vrai nom est Ida) et que ses parents ont été assassinés. Toutes les personnes que croisent d'Anna et Wanda font douter Anna de sa vocation religieuse, et rappelle à Wanda, les horreurs qu'elle a pu commettre comme procureure stalinienne. Les scènes de bals rappellent l'ambiance des films de Milos Forman des années 60. Par contre les images épurées du film se tournent assurément vers Robert Bresson, et le suicide par défenestration de la tante fait penser au même genre de suicide dans Salo de Pier Paolo Pasolini. La tante d'Anna n'a pu faire face aux démons de son passé, comme si le destin de la procureure "rouge", Wanda, ne pouvait avoir qu'une issue fatale dans le sang. On comprend mieux son parcours glaçant (comme ces images de campagnes polonaises où l'hiver semble régner à jamais) quand dans une maison de campagne au milieu de nulle part (aucune échappatoire) Wanda dit d'une voix calme à un paysan: "Je peux te détruire, je sens que quelqu'un ment". On comprend alors son mode de fonctionnement impitoyable. Mais Wanda n'aurait-elle pas due fuir plutôt que de rester dans ce système aliénant ? II n'y a pas de mots sans importance prononcés ici. Chaque conversation est importante, pour comprendre le parcours des personnages qui sont placés continuellement devant un choix. Paweł Pawlikowski a choisi puisqu'il nomme son film Ida (l'identité juive de sœur Anna). Alors pourquoi retourne-t-elle dans son couvent à la fin du film ? Pourquoi ne s'enfuit-elle pas ? Pourquoi se punir comme sa tante ? Enfermée dans un destin tragique comme sa tante ? Si elle a choisi l'identité de sœur Anna, le film devrait se prénommer ainsi, et pas Ida. Une erreur du réalisateur ou une encore une culpabilisation des Polonais sur les crimes de la seconde guerre mondiale ?
Laissons parler Pawlikowski lui-même: "Je voulais détacher la foi de sa dimension tribale, qui est très présente chez les nationalistes aujourd'hui. Pour eux, l'identité polonaise, c'est l'identité polonaise catholique. Mon film dit qu'on peut aussi être polonais et juif ». Plus ardu que Cold war, plus statique, ce premier volet , visiblement nourri d'éléments autobiographiques, est tourné dans son pays natal après 50 ans d'exil. Les cadrages décentrés, repoussant sans cesse les personnages presque en dehors du cadre, attirent l’œilspoiler: mais pourront fatiguer certains spectateurs. La réussite vient de la confrontation entre deux femmes à l'opposé: l'une, mature et énergique, a été procureur sous Staline. Déchue, marquée par spoiler: l'élimination de son fils , sa vie débouche sur une impasse. L'autre est sa nièce, ignorante du monde et de l'arrivée du jazz, élevée dans la foi catholique et sure de son avenir. La première est jouée par une actrice de renom, la deuxième par une débutante. Au milieu, la question sous-jacente: entre le catholicisme et le communisme , qui a éliminé le plus de juifs?... On reste en noir et blanc, il correspond aux souvenirs d'enfance du réalisateur. Derrière la beauté formelle des images, reste un regard acéré sur la Pologne d'un intellectuel qui ne veut pas désespérer de son pays. DVD1 - novembre 2018
Film austère et superbe ...éblouissant malgré le noir et blanc ou le gris qui peuvent parfois être tout aussi lumineux que la couleur...Peu de paroles, de belles musiques...Ida, touchante Agata Trzebuchowska, conditionnée dès l'enfance à l'orphelinat, pour être nonne prononcera-t-elle finalement ses voeux ? le final le suggèrerait..La foi est-elle plus forte que la médiocrité du monde ? Au moins aura-t-elle eu auparavant une saine révélation dans les bras d'un beau saxophoniste...le personnage de Wanda ( Agata Kulesca), sa tante jamais vue, est tout aussi fort ...elle a choisi le socialisme , version procureur et purges , partageant avec sa nièce un lourd héritage qu'elle noie dans l'ivresse. Pawel Pawlikowki signe là un film tout en retenu, renoue avec le passé de sa famille, l'histoire de la Pologne qui n'en a pas fini avec son passé tortueux et de son rapport avec la question juive. A voir absolument.
C’est judicieux de montrer une pellicule en noir et blanc pour décrire la Pologne des années 60, les subtilités de l’histoire et de la culture religieuse de ce pays, c’est court comme film et un final magistral philosophique, laissant libre aux idées de contemplation.
Film très lent mais alors très lent ! Scenaristiquement le film est intéressant sur l'origine de soit et la foi religieuse. Le cadre est soigné et l'atmosphère austère de la Pologne dans les années 60 est bien retranscrite mais ce style ultra contemplatif m'a laissé sur le côté et du coup je me suis pas mal ennuyé.
Un chef-d'œuvre ! Les plans et les images sont sont sublimes. Un noir et blanc esthétisant, qui met à nu, creuse, accuse, rachète en silence....presque... Bouleversant. Il faut le voir, absolument !
Le poids du passé. On est en Pologne dans les années 1960 et Anna ne connaît pas ses parents. Elle se destine à devenir bonne sœur mais doit avant de prononcer ses vœux rencontrer sa tante pour trouver des réponses aux questions qu’elle se pose. Il se trouve qu’Anna est issue d’une famille juive qui n’a pas survécu à la guerre. Si le film a, à priori, tout du film austère, repoussoir à pop-corn, il brille par l’ambiance qui règne pendant ces 80 minutes. Le noir et blanc est proprement magnifique, détaillé, fabuleusement éclairé. Il joue merveilleusement une partition toute en clair obscur. La composition des plans est toujours précise et évoque puissamment les thèmes que le film aborde. On sent tout le poids qui pèse sur ces personnages en quête de vérité et de l’histoire qui donnera un sens au présent. On s’interroge sur les cette société polonaise des 60’s qui doit surmonter un génocide et vivre l’histoire réécrite par un régime communiste autoritaire et dogmatique. Au delà du coupable évident, le film questionne les responsabilités individuelles et la mémoire qu’il convient de garder de la période tragique de la shoah. Ainsi donc, la forme colle parfaitement avec le fond quand ces personnages cadrés très haut paraissent écrasé par le décor ou quand les seuls mouvements de caméra interviennent au moment où l’héroïne est prête à aller de l’avant. Magique.
Le travail sur l'éclairage et le cadrage fait que l'image est magnifique. L'absence de fond sonore artificiel rend certaines scènes très intimistes. L'histoire est intéressante et l'ensemble est bien joué. Cependant le réalisateur tire vraiment sur certains plans (allumer une cigarette par exemple) ce qui, malgré qu'il ne dure qu" une heure vingt, rend le film long.
L'austère pureté esthétique du film, même s'il sait brillamment jouer de la lumière, des décadrages et des décalages, n'arrive pas à nous hisser au-delà du contemplatif, malgré l'intérêt du contraste du double portrait de femmes. L'ensemble s'embourbe dans l'exercice de style assez convenu, superficiel, sage et finalement insupportablement moraliste.
Un film en noir et blanc, beau, fin, doux, cruel, sobre, juste, émouvant, discrètement bouleversant, superbement joué. On pourra simplement lui reprocher la virtuosité de sa mise en scène un peu trop exhibée à notre goût et un découpage délibérément original.
Bon, si vous avez envie de vous poiler pendant une heure et demie, n'hésitez p...non, attendez! Je déconne!...Bon, en vrai, c'est pas gai gai, faut dire même assez sinistre: un magnifique noir et blanc, ça se passe en Pologne (houla!) dans les années 60 (houlala!), ça parle d'une nonne (houlalala!) qui rencontre sa tante, un genre de commissaire du peuple (houlalalala!) alcoolique (houlalalalala) qui lui fait découvrir un lourd secret de famille (houlalalalalala!)...bon, pas gai donc, mais très bien joué, belles images, et belle histoire in fine.
Les thèmes des liens familiaux, du choix et de l'engagement sont traités avec une grande justesse et délicatesse. On peut saluer la performance de l'actrice principale dont le jeu passe pratiquement que par le regard ainsi que l'esthétique du film.
Il est de ces films "magiques" qui ont la particularité de vous emporter avec eux et de ne plus vous quitter, même longtemps après que le rideau soit baissé et la projection terminée. Que le noir et blanc et le format 4:3 ne vous rebute pas, "Ida" est un film extraordinairement moderne dans son montage et la sobriété de sa conception. Les plans sont comme des couperets qui tombent, en plein dans le mille, avec une efficacité, une justesse et une science qui laissent pantois.
Ida, le personnage principal, tout juste sortie du couvent où elle a passé la plus grande partie de sa jeune existence, fait face à une série de chocs liés à la révélation de ses origines et des facettes peu glorieuses de l'histoire de son pays. Elle y fait face avec grâce, avec courage, sans pathos ni repli sur soi, et découvre dans le même temps des aspects de la vie et de la condition humaine qui lui avaient échappé jusqu'alors. Mais cela ne suffit pas : il lui faut vivre et expérimenter dans sa chair cette même condition, ces sentiments, afin de pleinement comprendre ce qu'elle pourrait laisser derrière elle. Et c'est à ce moment-là que le film devient pleinement lumineux et nous marque à jamais, ce moment où la magnifique Agata Trzebuchowska, lucide et résolue, marche vers son destin.