Pologne 1962, Ida, jeune novice, quitte le couvent, elle a peu de temps pour reconstruire son histoire familiale, dans quatre jours elle doit prononcer ses vœux. : Un pitch pareil ne vous donne peut-être pas envie de vous ruer dans une des-rare- salles de cinéma, qui le passe, surtout si on vous dit en plus que le film est en noir et blanc, et bien vous avez tort !
Attention chef d’œuvre, et le mot, tellement galvaudé, est choisi.
En effet, dans Ida, tout parait, simple clair et limpide. Le cinéaste nous raconte la Pologne d’après-guerre avec une force d’abstraction incroyable. Tout est dit, la difficile cohabitation des deux Pologne, la rouge et la catholique, l’importance de ses origines, le deuil impossible face à la barbarie nazie, le choix, le renoncement et le jazz, parfum de liberté.
Tout est dit, mais rien n’est asséné, la photo d’un noir et blanc soyeux est une merveille, la mise en scène fluide a une élégance rare, tous les plans sont soignés sans affèterie, les silences et les dialogues posés exactement où il faut. Les acteurs inconnus sont justes et émouvants.
Film rare, en moins de 90 minutes Pawel Pawlinopwski, cinéaste de documentaire reconnu en Grande- Bretagne (et auteur du formidable "My summer of love" en 2004 et d'une curieuse adaptation d'un roman de Kennedy, la femme du Vème en 2011), devient dans ce troisième long l’égal de Bergman, celui des "Fraises sauvages" ou du "Septième sceau". Et figurez vous, pour vous donner une idée de l'audace du bonhomme, qu'il se paye même le luxe de choisir l’emplacement des sous-titres pour que ceux-ci ne bouleversent pas l’architecture et la composition de ces plans.
Bref, je serais court car rien ne sert de se perdre en conjonctures devant un si grand film : Osez l’expérience cinématographique et historique la plus étonnante de ce début d’année.