"Un éblouissement" ? Pour le boboland, assurément. Pensez donc : c'est en noir et blanc (pour une Pologne des années soixante, triste, sale, hivernale et communiste - logique, cependant, à ce niveau), et à format carré ! "Grandiose", sur ces deux seuls points-là. Des cadrages "audacieux" (en fait erratiques) complétant, pour le "style", ainsi qu'une "signature" sonore "signifiante", entre le jazz (Coltrane) et Mozart (la symphonie "Jupiter"). Et du plan-séquence à tire-larigot, bien sûr. On dirait du "film d'auteur", un régal pour gourmets salonnards et parisiens, du genre encombrant les plateaux télé, pour dire au bon peuple ce qu'il faut voir, et comment l'apprécier. Mais cela n'en est même pas.
Sur la ferme recommandation de la mère supérieure du couvent où elle achève son noviciat, la jeune et naïve Ida part quelques jours dans le "monde" (avant d'y renoncer pour toujours, quand elle aura prononcé ses voeux, dans cet ordre où le silence est la règle), éprouver la force de sa vocation. La jeune fille est passée directement de l'orphelinat à l'apprentissage d'une future épouse du Christ. Munie d'un petit viatique et d'une valise qui ferme mal, elle va rendre visite à sa seule famille, sa tante maternelle Wanda, alcoolique et amère, enchaînant les conquêtes d'une nuit, semi placardisée après avoir participé activement à l'épuration des "ennemis du peuple", en tant que magistrat du ministère public. Les deux femmes vont partir à la campagne pour localiser l'endroit où les parents d'Ida sont enterrés, et leur offrir une sépulture décente. Ida s'appelle en effet - elle le découvre - "Lebenstein", et ses parents n'ont pas connu les camps, mais ont été, semble-t-il, assassinés par des voisins désireux d'accaparer leurs maigres biens.
Court (1 h 19), mais très lent, et donc très long au ressenti, "épuré" tendance grattage jusqu'à l'os de tout effet, de toute émotion, d'une "neutralité" gênante. Pas de "petite musique" personnelle pour ce nouvel opus du très international Pawel Pawlikowski, de retour au pays pour l'occasion, mais un produit habilement formaté pour les festivals. Bingo ! 4 récompenses pour "Ida".
2 étoiles pour l'idée de base du scénario.