S’il était difficile d’attendre quelque chose de la part de Bill Condon, rappelons qu’il s’agit là de l’un des réalisateurs de la franchise Twilight et du récent Le cinquième pouvoir, on s’en sort finalement avec un film possédant quelques atouts, dont le principal est Ian McKellen. Enième déclinaison des aventures du plus célèbre des détectives privés, le dénommé Sherlock Holmes, Mr. Holmes se démarque toutefois des vieux long-métrages archétypaux, des blockbusters d’action à la Guy Ritchie, du modernisme de la série de la BBC, en représentant le limier à l’aurore de sa vie. Sénile, physiquement affaibli, l’homme est en passe de disparaître, de céder au monde un héritage, véridique ou fictif. Sherlock Holmes se voit donc comme une légende, dans Mr. Holmes, bien qu’il ne puisse adhérer à cette image conçue de toutes pièces par son acolyte de toujours, celui qu’on ne verra pas ici, le docteur Watson. Il est donc question de philosophie, alors même que le vieillard, retiré dans sa maison de compagne, tente de se remémorer l’une de ses dernières enquêtes, avec l’assistance du petit bonhomme curieux de sa gouvernante.
Les guêpes ou les abeilles? Héros ou légende? Des questions que se posent le principal intéressé alors que son corps et son esprit s’en vont tout gentiment vers le néant. Tout ça est joli comme tout, se voulant touchant, ça le sera parfois grâce à la qualité d’interprétation de Ian McKellen, mais passé sur le concept et sur quelques images raffinées de la campagne anglaise, que reste-t-il réellement de ce Mr. Holmes si ce n’est une certaine lenteur, un certain désordre dans la chronologie des évènements, entre présent et passé récent, entre Angleterre et Japon? Bill Condon, n’étant pas en effet de ces metteurs en scène ayant démontré jusqu’alors un sens pointu de la créativité, parvient tout juste à faire survivre son récit, souvent bancal, sur les 105 minutes que durera son film. Entre cabotinage, académisme et banalité, le film est tout simplement sauvé des eaux par son comédien principal, toujours Ian McKellen.
Mais cela ne suffira pas à faire de cette déclinaison du mythe une adaptation majeure, loin s’en faut. C’est même franchement ennuyant lorsque le cinéaste s’épanche en sentimentalisme, lorsque le personnage de Sherlock Holmes n’est pas devant la caméra. Il en faut bien d’avantage pour prétendre à faire s’illuminer une fois encore la légende d’un personnage surexploité, sur tous type de supports, quand bien même la question de l’âge pourrait entre en compte. Avis aux amateurs. 08/20