Présenté hors compétition à la Berlinale 2015, Mr Holmes est une nouvelle incarnation d’un personnage mondialement connu… mais aussi l’adaptation d’un roman très différent de ce qu’on connait déjà…malheureusement sans grand intérêt ♥♥
En 1947, Sherlock Holmes, depuis longtemps à la retraite, vit paisiblement dans le Sussex, avec sa gouvernante et son fils, un détective amateur. Mais la quiétude recherchée n’est que de façade… Une affaire vieille de 50 ans le hante encore et toujours. Malheureusement seuls quelques fragments sont encore vivaces : une altercation avec un époux en colère, un lien profond mais mystérieux avec son épouse fragile. Si son légendaire pouvoir de déduction n’est plus intact, et si Watson n’est plus là, Holmes va se lancer dans son ultime enquête, la plus compliquée de sa longue carrière…
Nouvelle adaptation…qui, hasard du calendrier, sort le même jour qu’une autre, celle de Madame Bovary… Quelques mois seulement après le Journal d’une femme de chambre, cela commence véritablement à faire beaucoup. Certes, pour ces nouvelles aventures de Sherlock Holmes, c’est en fait l’adaptation d’une nouvelle de Mitch Cullin, « A Slight trick of the mind » qui imagine le héros anglais comme un être vivant (entendez par là réel) et dont les aventures ont en fait été retranscrites dans des romans à succès…Mais passées les premières minutes de découverte du scénario (le roman tout comme le film s’intéresse au personnage, à ses écrits ainsi qu’à plusieurs histoires fantasmées), force est de constater que la sauce ne prend jamais vraiment…
Doit-on blâmer l’adaptation du scénario, la réalisation ou même l’interprétation des personnages ? A vrai dire un peu de tout cela…y compris des acteurs tels qu’Ian McKellen ou Laura Linney (méconnaissable) qui peuvent s’avérer excellents à une minute et trop poussifs la minute suivante. La preuve qu’en étant mal dirigés, des comédiens aussi grands soient-ils peuvent décevoir.
Les minutes se suivent avec le désintérêt du spectateur et ce petit drame policier qui aurait pu faire le bonheur de la Grande Bretagne finit par perdre la Grâce Britannique…Bill Condon à qui l’on doit deux Twilight mais également Dreamgirls, n’est certes pas anglais, mais il aurait sans doute gagné à regarder certain des films de Stephen Frears, notamment Philomena dont l’aspect bucolique apportait subtilité au personnage principal. Au lieu de cela, il ne s’intéresse qu’à ses personnages de trop prêt, jamais à leur environnement ou aspect contextuel. Après le très moyen Fifth Estate il y a deux ans, Condon semble constituer sa carrière de petites casseroles.
Fait assez étonnant, la traduction du roman de Cullin en français est en fait « Les Abeilles de Monsieur Holmes », ce qui parait plus à propos que son titre original (« A slight trick of the mind ») et qui souhaite faire un jeu de mots entre les enquêtes et les absences de mémoire de Sherlock Holmes. .. Car dans cette adaptation cinématographique, le pari de réussir à lier le thriller et le drame s’avère vain.
Nota Bene : Avec cette adaptation 2015, Ian McKellen est la douzième incarnation du héros de Sir Arthur Conan Doyle, six ans après Downey Jr., cinq ans après Cumberbatch et surtout quatre-vingt-treize ans après le personnage initial interprété par John Barrymore… 93 c’est aussi l’âge qu’Ian McKellen est censé avoir dans cette incarnation 2015. Clin d’œil de la production à l’œuvre littéraire originale sans doute.