Mais bon sang, que devient le cinéma américain ? Entre les films de super-héros débiles, les actioners bourrins, les thrillers au kilomètre et les comédies calibrées, c’est trop demander un film d’aventures un peu intelligent qui relève le niveau sans être mou et chiant ?? Pour une fois, que quelqu’un a la bonne idée de faire revenir ce genre moribond sur les écrans ! Alors évidemment, James Gray est un auteuuuur qui s’est approprié le sujet pour nous faire comprendre que le véritable voyage est intérieur, psychologique, métaphysique… et nous parler une nouvelle fois de son obsession pour la famille.
Oui mais voilà, là où les grands cinéastes comme David Lean parvenaient à nous parler de l’intime tout en restant épique, à brosser une galerie de personnages attachants et le foisonnement d’une époque, James Gray, lui au contraire, nous parle de son nombril, enfin disons celui de son personnage. Ceci dit, il y a des gens qui aiment. Surtout les critiques intellos européens d’ailleurs. Parce que, pour commencer, ce ne sont pas les expéditions de Fawcett qui l’intéressent. Gray expédie les passages obligés (serpents, fauve, attaque des indiens, piranhas, hommes rendus fous par la faim) en quelques scènes aussi trépidantes qu’une balade en forêt le dimanche après-midi. On commence à s’ennuyer ferme, surtout qu’il ne tient pas non plus à nous divertir avec des personnages secondaires intéressants. Non, en 2H20 on n’a pas le temps pour ces choses là. Ils sont esquissés, sauf le lourdaud qui pose problème. Mais rassurez-vous, pas trop longtemps. Ouf, on a bien failli être détournés 5mn des états d’âme du héros et de sa famille. Le problème, c’est que lorsque l’on fait tout reposer sur un seul personnage, ça passe ou ça casse. Pour moi, ça a cassé dès l’arrivée de Fawcett en Bolivie. Sa passion pour les indiens et son obsession pour une cité perdue est amenée fort maladroitement en quelques instants, alors qu'on vient de passer le premier quart du film à nous le présenter comme un arriviste plutôt soucieux de regagner son rang dans la société. Et ce ne sont ni les gros plans magnifiés par Darius Khondji, ni les dialogues, souvent déclamés sur un ton apathique, qui nous aideront à ressentir la passion qui l’anime ou les épreuves qu’il traverse.
Bref, que vais-je retenir de ce film ? Un ennui profond doublé de la peine de voir un cinéaste, en qui l’on pouvait placer quelques espoirs, tourner en rond dans un effort louable, mais finalement désespéré, de se renouveler.