Extrêmement curieuse cette unanimité de la critique en faveur de ce navet boursouflé et horriblement long que constitue The Lost City of Z. Certes, les images sont bien léchées, mais (i) en tant que film d’aventures, cela retient très peu l’intérêt et (ii) au-delà, c’est surtout une dégoulinade assez indigeste de bons sentiments : un héros propre sur lui, sans peur, sans reproche et sans consistance, une mièvrerie familiale matinée d’un peu de féminisme, juste histoire d’être dans l’air du temps (le nôtre, mais pas celui du film), l’exaltation permanente (et fatigante) du sens du sacrifice.
Aucun cliché ne nous est épargné : le Père tue un cerf à la chasse à cour, quinze ans plus tard le Fils tire un lapin dans un champ; lequel Fils Prodigue après s’être révolté contre le Père devient son plus fidèle Lieutenant; sans oublier la Veuve éplorée qui croit encore au retour des héros dix ans après leur disparition, ni le petit discours plein d’humanité à faire pleurer bidasse que tient le héros avant de monter à l’assaut de la tranchée d’en face à la tête de sa compagnie (naturellement sans mettre son casque, il est vrai que ce serait moins élégant et beaucoup moins photogénique que son joli képi de Major), …
Au passage, quelques clins d’œil appuyés pour donner l’impression au public qu’il est intelligent. Ainsi, lorsque le héros part à la guerre de 14, sa tendre, jeune, belle et courageuse épouse ne manque pas de glisser : « espérons qu’elle sera courte », ce qui a pour effet de provoquer immédiatement quelques gloussements de connivence satisfaite dans la salle.
Le comble du ridicule est atteint lors la séance de la Royal Society of Geography où l’assemblée des doctes savants (ignorants et réactionnaires, comme chacun sait) conspue bruyamment notre héros qui ose prétendre qu’il existerait d’autres civilisations que la nôtre. Visiblement le réalisateur et/ou les producteurs n’ont jamais assisté à la réunion d’une société savante ou confondent avec un débat à la chambre des députés.
Tout ça est tellement gros, voire grotesque, que l’on pourrait se demander si le film ne joue pas dans le registre parodique (série B ou série Z, genre peplum), mais non, c’est simplement bête et démagogique. Quant à comparer cette biographie empesée et bien-pensante à des chefs d’œuvre à connotation métaphysique comme Aguirre ou Apocalypse Now, c’est simplement sidérant. Et si on veut un bon film d’aventure dans la jungle, il vaut cent fois mieux aller revoir L’Arche Perdue !