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Un visiteur
5,0
Publiée le 11 novembre 2013
Film allemand, en noir et blanc, en 2 parties, dans la campagne prussienne du XIXe siècle, une bande annonce austère qui rappelle l'univers sombre à la Haneke du ruban blanc... Ne vous laissez pas impressionner ! Au bout d'1/4 h à peine, j'ai été captivée... Plus de 4h de film, mais quel film !! On devine le travail de titan qui ne se souffre côté scénario, photo, montage... d'aucune pesanteur à l'écran. Lorgnant du côté de la lumière, ce film peut conquérir le coeur de tous les publics : hymne social, humaniste et poétique, savourant l'aspiration au voyage et la connaissance de la culture de l'autre, l'étranger à la Levi-Strauss... Nombre spectateurs auront passer le chemin au vu également de critiques dithyrambiques réservées habituellement aux oeuvres dites élitistes et intellectuelles. Jeunes gens, ne passez pas à côté de ce chef d'oeuvre, à voir impérativement sur grand écran !
Excellent, on écrirait même chef d'œuvre s'il n'y avait, parfois, quelques longueurs. Heimat est là pour nous rappeler que le cinéma est un art. L'art de ne rien montrer, de tout suggérer, disait Bresson… On l’aurait presque oublié tant les films actuels semblent marqués d’une obsession pornographique. Comparez ainsi l’intensité qui se dégage de la scène d’amour lors de la fête du village, composée de deux plans (une jupe qui se relève, un visage bouleversé) avec celles, dépourvues d’émotion, émaillant « La vie d'Adèle » de manière répétitive. D’un côté, la légèreté de Flaubert écrivant la scène du fiacre dans Madame Bovary, de l’autre un mauvais roman de gare écrit avec les pieds par un épigone de Marc Levy !
On pourrait traduire le titre par » Patrie un et deux » ou » Bonheur un et deux » ou encore » Paradis un et deux » si on veut être cartésien et si on veut ressentir la notion, on peut parler d’endroit ou on se sent bien, de son pays romantique. Edgar Reitz prolonge ou plutôt prologue son œuvre , de ses feuilletons qui ont eu un franc succès outre-Rhin il trouve une origine avec ses deux longs métrages qui s’associent à merveille. Il parvient même à restaurer un peu de valeur à ces mots usés , et à nous indiquer que le peuple allemand était lui aussi demandeur d’asile il fût un temps.
« Patrie un et deux » aurait pu sembler repoussant tant le programme proposé indiquait un esprit partisan. Il n’en est rien, bien au contraire, on se sent vite concerné par un héritage culturel qui n’est pourtant pas le nôtre. Presque quatre heures en noir et blanc, sous-titré de plus engageait autant qu’à essayer de franchir un mur tombé depuis. Voilà ce que pensent tout haut de nombreuses personnes proclamées cinéphiles: elles veulent un plaisir court – la relation sexuelle moyenne dure… -et formaté – une chanson a un format radio de… Si ça vous ennuie de passer du temps au cinéma, n’y allez pas...
Dans ce film, Edgar Reitz dresse avec la précision d'un orfèvre le portrait de ces personnages qui vivent dans un temps qui semble s'être arrêté. Pourtant, le jeune héros d'"Heimat" rêve. Il rêve de partir, d'horizons lointains et d'une vie de paix et de communion avec des tribus dont il connaît le langage qu'il essaie déjà de faire partager aux siens. Mais dans sa rude province, touchée par la famine, étranglée par le joug de l'envahisseur, Jakob n'a d'autre choix que de rêver et de regarder s'étioler les convois de l'exode le long des chemins caillouteux. Dans un univers qui apparaît dévasté, "Heimat" nous propose de très belles images qui attirent le spectateur et malgré quelques lenteurs, on se prend à suivre, avec beaucoup de plaisir, les aventures de ce rêveur idéaliste.