Zombillénium, l’une des gros succès d’édition chez Dupuis de ces dix dernières années, a été porté à l’écran par un duo formé de son auteur, histoire de s’assurer que l’esprit, à défaut de la lettre, soit respecté, et d’un professionnel afin d’éloigner le risque d’une maladroite transposition littérale façon case-par-case. L’histoire prend donc un tour un peu différent, tout en respectant les fondements du concept imaginé en 2009 par Arthur Des Pins et, en dehors d’un changement de nom et de passé pour le héros, on retrouve les personnages et les éléments saillants de ce parc à thème nordiste dont les employés sont des monstres. Recourant à une forme de rotoscopie pour sa facture graphique, Zombillénium possède une personnalité visuelle qui lui est propre, même si par moment, le rendu - ou est-ce la direction artistique ? - semble un peu datée. On n’échappe pas non plus à l’inclusion d’imbroglio mélodramatiques familiaux et sentimentaux qui ne figuraient pas avec tant d’insistance dans les cases d’origine, et à quelques numéros musicaux, heureusement réussis, mais il s’agit sans doute là du sésame obligatoire pour bénéficier du passage à l’écran. Cela ne nuit de toute façon pas vraiment à l’ensemble, qui ne manque pas d’humour et souffre tout au plus de quelques baisses de rythme passagères. En dehors des inévitables clins d’oeil référentiels à destination des adultes, on apprécie surtout le fait que Zombillénium, dans un élan que n’aurait pas renié le Tim Burton d’autrefois, cloue au pilori l’édulcoration imbécile du divertissement, ici symbolisée par des vampires gogoth échappés de Twilight, et se range du côté des Freaks authentiques et des moches. Quant au fond de l’affaire, il est encore plus surprenant puisque ‘Zombillénium’ doit être un des premiers films d’animation pour enfants aussi ouvertement “de gauche�, même si l’adaptation ne fait que coller à la logique de la BD. En terme de souffrance au travail, de “chosification� des travailleurs, de mépris des syndicats et d’obsession du retour immédiat sur investissement, le monde des ténèbres n’a effectivement rien à envier à la logique du capitalisme “humain� !