Avis : Le Testament du docteur Mabuse - Page 5

Fritz Lang nous livre ici un film intemporel grâce au ton employé, mais aussi par son sujet. Malgré ses 76 ans, Le testament du Dr Mabuse reste inégalable et inclassable, car condenssant plusieurs styles cinématographique, mais sans jamais devenir ridicule ou lassant. Le jeu d'acteur y est aussi pour beaucoup, puisque l'absence du Dr Mabuse ne se fait pas ressentir grâce à la présence du commissaire Lohman, aussi efficace que dans M le maudit. Le scénario aussi inteligent que le premier volet ne laisse aucun moment de répit au spectateur et jongle parfaitement entre l'enquête policiere,la psichologie et la métaphore nazie. Bref, encore mieux que le premier, un indispensable.

Fritz Lang signe ici un thriller fantastique très efficace.
Avec les moyens de l'époque, il est impressionant de constater qu'on ne s'ennuie jamais devant ce film, que le docteur Mabuse est assez flippant et que les explosions sont plutôt réalistes (mise à part la première scène, quand Hofmeister est poursuivi par l'organisation criminelle). Cela est du non seulement aux effets spéciaux de pointe pour l'époque, mais aussi à leur utilisation judicieuse et à un scénario bien mijoté qui tient en haleine tout au long de l'histoire.

Du côté interprétation, si certains acteurs restent ancrés dans la surenchère théâtrale un peu maladroite qui caractérise l'époque (Lili, Hofmeister), la plupart ont un jeu beaucoup plus naturel: Lohmann bien sûr, mais aussi Mabuse, certains bandits et parfois Kent. Je n'ai pas vu assez de films de cette époque pour dire que c'est une innovation mais en tout cas, ça renforce le côté moderne du film.

Concernant la critique du parti nazi qu'il est censé représenter (interdit par Goebbels), ce n'est pas vraiment criant. Pour tout dire si on n'a pas dès le début le parti pris de comparer l'organisation aux nazi, on passe à côté. Il faut dire que la scénariste du film, ainsi que de tous les Mabuse, est la femme de Fritz Lang, Thea von Harbou, qui adhèrera quelques années plus tard au parti. De plus la date (1933) n'incite pas encore à des critiques très virulentes.

Le testament du docteur Mabuse est donc un film rythmé et efficace, avec un méchant effrayant à souhait.

Plutôt qu'une tentative d'autopsie de ce film déjà cent fois analysé, une question : qu'est-ce qui rend "Le Testament du docteur Mabuse" si moderne ? Peut-être l'emploi d'effets spéciaux pour figurer le fantomatique docteur ; mais depuis, on a fait largement mieux du point de vue technique. Peut-être la mise en scène de découvertes techniques et scientifiques relativement récentes en 1933 : téléphone très souvent utilisé, automobile, empreintes digitales, traitement « scientifique » de la folie... – mais les téléphones à cadran rotatif et la piètre vitesse de pointe des automobiles prêtent plutôt à sourire aujourd'hui. Peut-être quelques scènes à « grand spectacle », telles que l'explosion initiale d'un baril de pétrole ou l'incendie d'une usine chimique (dans le genre des incendies qui émaillent bien des « films-catastrophe » modernes) ; mais ces scènes apparaissent, de nos jours, davantage comme des pièces de musée que comme une réelle débauche technique. Peut-être les personnages : Lohmann en commissaire rusé et bonhomme préfigurant pas mal d'enquêteurs à venir, Kent en héros de film d'espionnage américain des années 1960, Mabuse en psychopathe possédé par la mégalomanie du Mal – mais ceux-ci sont davantage des types que des personnages réellement individuels. Peut-être l'intrigue : la lutte entre un génie maléfique et une équipe de bienfaiteurs réunis pour l'occasion, qui est de toutes les époques mais qui n'a jamais été la garantie d'un bon film. Peut-être la structure d'ensemble, enfin affranchie de l'influence théâtrale qui accuse l'âge de certaines œuvres à peine antérieures – "M le Maudit" (F. Lang, 1931), "Le Cabinet du docteur Caligari" (R. Wiene, 1919). – Le hic, c'est qu'en réunissant tous ces éléments , on peut tout aussi bien déboucher sur un très piètre sous-"Batman".
Là où Fritz Lang se montre génial, c'est dans sa façon d'organiser tous ces éléments pour en faire un ensemble impeccable. Tout est soigneusement dosé, parfaitement construit et maîtrisé. Pour manipuler son spectateur, car c'est de manipulation qu'il s'agit, Lang a une façon de passer souplement d'une idée à une autre (pensons à toutes les transitions, entre les scènes ou à l'intérieur de chacune d'entre elles) qui n'est pas sans rappeler les écrivains germanophones des années 1920-1930 – voir les nouvelles d'un G. Meyrink ou d'un L. Perutz. (On pourrait par ailleurs mener une étude bien plus poussée des thèmes de l'écrit et de la littérature dans le film.) C'est dans le rythme du film que cela apparaît le plus clairement. En dehors peut-être d'un passage à vide vers la moitié du film, "Le Testament du docteur Mabuse" laisse sans cesse le spectateur en haleine. Mieux, cette tension se maintient à l'intérieur de chaque scène : même (et surtout ?) une course-poursuite guère rapide débouche sur du suspense.
À mon sens, surtout, "Le Testament..." illustre toutes sortes de craintes, plus ou moins présentes et plus ou moins explicitement désignées, mais universelles et atemporelles ; à ce titre elles assurent le succès de ce film, et justifient qu'on le regarde encore. Crainte de la folie, qu'elle concerne soi ou les autres. Crainte de l'enfermement, quels qu'en soient la cause et le lieu. Crainte de ne pas savoir à qui l'on parle vraiment. Peur des catastrophes industrielles. Peur du complot, et de la manipulation – quelle que soit la manière dont on en devient victime. Peur de ces groupes criminels organisés, anonymes et maléfiques que constituent la bande de Mabuse, mais aussi le régime nazi. À cet égard, par rapport à "M le Maudit", par exemple, qui filmait une foule menacée par un individu, "Le Testament du docteur Mabuse" filme plusieurs individus menacés par une foule, et c'est aussi ce qui fait sa modernité.

Malgrè quelques longueurs, l'ambiance inquiétante nous maintient éveillés jusqu'au bout. Les quelques apparitions fantomatiques et la voie nazillarde sont particulièrement effrayantes, surtout pour un film de 1932. Fritz Lang nous dévoile très certainement ses propres cauchemarres, car les années folles sont révolues.

Chef-d'oeuvre de Fritz Lang, à mi-chemin entre policier et fantastique, "Le testament du Docteur Mabuse" est un film réellement passionnant, qui parvient à captiver le spectateur jusqu'à son terme. L'intrigue, rigoureusement menée, est soutenue par une technique remarquable. On baigne constamment dans une athmosphère étrange et pleine de mystère. Les acteurs sont à leur avantage : ainsi Otto Wernicke qui reprend son rôle du commissaire Lohmann de "M le maudit" et Gustav Diessl en truand meurtri et repenti sauvé par l'amour. Un excellent divertissement, qui confirme le génie de Fritz Lang.

Le testament du docteur Mabuse est un film remarquable à bien des égards toutefois certaines faiblesses, comme le jeu d'acteurs qui semble trop expressif, contribuent à réduire le plaisir du spectateur d'aujourd'hui. Réalisé en 1933 année d'arrivée au pouvoir des nazis ce film mêle adroitement plusieurs genres (polar, satyre sociale, fantastique), recours à quelques effets spéciaux remarquables (apparition de fantômes)et trace le portrait d'une Allemagne sortie d'une crise économique effroyable. Fritz Lang réalisateur indépendant a livré par ce film un dernier témoignant décapant et original du pays qu'il allait être contraint de quitter. A voir!

Rarement un film ne m'a fait un choc aussi puissant, du genre à vous laisser scotché encore une heure après l'avoir vu.
Que dire : l'intrigue est géniale, les acteurs sont bons et le tout est vraiment bien filmé.
Rajoutez en plus la lecture politique du film et vous obtenez l'un des plus grands films de toute l'histoire du cinéma. Fritz Lang est grand.

GENIAL!ô,Mr et Mme les parents de Fritz Lang,dans votre tombe,je vous remercie d'avoir mis au monde ce génie du cinéma!Il est vraiment trop trop prenant,la pression monte,monte,pour se terminer mystérieusement,laissant la porte ouverte à toutes les suppositions.Le boulot de Lang est terminé,à nous d'imaginer ce que cette fin signifie...L'on sent aussi des restes de l'expressionisme,qui m'envoute toujours autant et rend le film sublime et inquiétant.Et,bien sur,comme toujours chez Lang,le point de vue joue un rôle très important,gravitant sans cesse autour de quelques personnages,ce qui rend le film libre d'interprétation.Mabuse,incarnation du mal et de ses pouvoirs (très étendus),est toujours fascinant (à voir Dr mabuse,le joueur,avant) et l'on se prend à se dire que notre héros,pathétique et tourmenté (il était au chomage et a fini par cédé à la tentation d'argent facile),qui sera sauvé moralement par...une femme et finira par se révolté contre la toute puissance de Mabuse,n'a aucune chance.Et pourtant,il réussira...Chose ô combien symbolique.Lang nous dépend donc un monde soumis et malmené par le mal (le film a été interdit par les nazis,hein...) dans lequel des personnages humains (au bon sens du terme)vont se démener pour leur...liberté.Sujet sublime,toujours d'actualité,traitement sublime,incroyablement maitrisé,font de ce film un des plus grand chefs d'oeuvre du cinéma.Film intemporel,en plus.

Un grand moment du cinéma d'avant-guerre. A conseiller à tout les cinéphiles.

l'un des chefs d'oeuvre de Fritz Lang, un policier bien au dessus des films récent.