Mais quelle claque !
J'ai regardé Beau travail, entre tous les films de Claire Denis qui m'intriguaient (notamment S'en fout la mort et Nénette et Boni), parce qu'il était dans le top Sight and Sound des meilleurs films de tous les temps. Sans prêter une grande importance à ces classements, ce n'est pas une raison plus mauvaise qu'une autre pour lancer un film.
Et plus ça va, plus je me rends compte que j'aime vraiment le cinéma de Claire Denis, et ce film-ci est peut-être son meilleur dans ceux que j'ai vus.
Déjà on peut oublier tous les clichés qu'on pourrait avoir sur un film de légionnaires perdus au beau milieu de l'Afrique. On a un film d'une grande sensualité, on est pas loin de l'homoérotisme on ne va pas se le cacher. Denis filme admirablement bien ces corps d'hommes s'entraîner, inlassablement, on ne sait pourquoi... et avec la musique, ce qui pourrait être un éloge de la brutalité, de la force, se transforme en ballet... en chorégraphie...
On a donc l'aspect aliénant, répétitif de ces entrainements qui n'en finissent plus, qui n'ont même pas véritablement de sens, puisqu'il n'y a pas d'ennemi, il n'y a même pas réellement de personnes extérieures au camp de légionnaires (des petites copines tout au plus... vite fait...) et elle arrive à la transformer, par sa mise en scène en une fascination pour ces corps à demi-nus dans le désert.
Cette fascination permet d'être happé par ce film dans lequel il ne se passe pourtant rien, il n'y a pas même pas réellement d'intrigue... Pire encore, le seul moment où il semblerait y avoir un enjeu : se fera choper/se fera pas... c'est réglé en 2 minutes. Et pourtant on est toujours là à regarder ces corps creuser, courir, casser des cailloux, on ne sait pourquoi.
Forcément on se pose la question : à quoi ça sert ? à quoi ces gens là servent ? Et on n'aura pas la réponse hein... C'est toute la beauté de la chose. Des corps nus dans le désert, à faire du sport... pour rien...
Sublime.