Grande fan de Scooby-Doo depuis de nombreuses années, je ne pouvais pas faire l’impasse sur cette nouvelle aventure cinématographique, intégralement en animation 3D.
Une animation, certes, pas toujours très fluide, mais au service d’un joli design tout en rondeurs, qui, à mon sens, respecte bien les personnages. Il est à souligner que ce sont des équipes québécoises qui ont officié sur ce projet, d’où le nombre conséquent de noms francophones défilant au générique de fin.
En ce qui concerne le scénario, l’histoire repart, encore une fois, de zéro, nous présentant une nouvelle version des origines du chien trouillard et de la bande de joyeux hippies chics qui lui est associé. Précisons qu’en 51 ans d’existence, l’univers de Scooby-Doo a déjà connu plusieurs reboots, proposant à chaque fois des origines et « premières rencontres » diverses à nos héros. Scooby a déjà eu des origines extra –terrestres (saison 11 de la série) ou été un chien de laboratoire combattant des zombies (comics « Scoobapocalypse », version la plus géniale entre toutes), alors faire de lui le descendant d’un chien « historique » est presque banal, à côté. Ce n’est pas non plus la première fois que l’on voit les personnages mis en scène à l’âge de l’enfance, puisque ce fut déjà le cas dans la série « Scooby-Doo : agence toutou risques » de 1988. Celle-ci n’a cependant aucun lien avec le film de 2020.
Pour ce nouveau film, l’intrigue a aussi été déplacée à Miami, choix curieux tant ses plages ensoleillées correspondent moins à l’univers mystérieux et sombre de la série, que les petites villes biscornues de Crystal Cove ou Coolsville (selon les versions), où vécurent précédemment nos héros. Aussi faut-il considérer beaucoup des versions précédentes comme des univers alternatifs les un par rapport aux autres, et non une continuité. (Même si on repérera le sheriff de la série « Mystères associés » en figurant.)
Libéré de l’envie de chercher une suite là où l’on nous propose un début, ce « Scooby » 2020 s’avère plaisant. De l’action, de l’humour , de l’amitié et un soupçon de surnaturel (on est quand même venu pour, à la base) font un cocktail sans surprise mais pas désagréable.
Le film ratisse auprès de toute la famille, avec des gags premier degré pour les enfants, des easter eggs pour les ados et des références plus pointues encore pour les adultes (avez-vous repéré Spike Lee prenant le soleil en terrasse ?) . Attention cependant à quelques scènes qui pourraient être un peu violentes pour les tout-petits (était-il vraiment nécessaire d’arracher la tête de ce robot ?)
La présence de Simon Cowell, ne m’a, pour ma part, absolument pas dérangée (si ce n’est son design peu ressemblant, c’est le Cowell d’il y a vingt ans). Bien avant les Simpson, Scooby-Doo invitait déjà des « guests » dans son univers (au point d’avoir même consacré tout un film au groupe Kiss). De même, Cowell est déjà apparu dans Shrek 2, Les Griffin ou encore… Les Simpson. Il est un personnage de la pop culture à part entière.
L’univers élargit d’Hana-Barbera est également à l’honneur.
Personnellement, j’adore la nouvelle version du Capitaine Caverne, qui a plus de tchatche et de bagout dans sa trop courte apparition qu’il n’en eu en cinquante ans réunis, avec des punchlines délicieuses (la référence à Gladiator, ou encore sa remarque sur la voiture).
En revanche, des drôles de dames qui l’accompagnaient, on ne retrouve que Lili, et même pas à ses côtés. Mais la redestination du rôle de la jeune femme est particulièrement bien trouvée, et en font un personnage actif des évènements.
Une grande place est également faite à Dynomutt, et ce n’est pas une mauvaise idée, ce personnage s’avérant le plus intéressant. Au point, parfois, en faire oublier qu’on était venu pour Scooby-Doo. (Mais attention, ce n’est pas les seuls chiens du film ! Quand y’en a plus, y’en a encore !)
Enfin, il est impossible de ne pas évoquer la nouvelle version de Satanas, antagoniste principal. Si le personnage a pris un curieux coup de jeune avec ce nouveau design, il s’avère tout à fait convaincant dans ses agissements, qui ne sont pas manichéens. Son ambivalence est intéressante, lui apporte une complexité et le démarque forcément des clichés habituels.
Il est d’ailleurs à souligner la qualité du doublage français, alors qu’aux USA, les fans ont été choqués de voir le casting historique presque entièrement évincé pour des « peoples ».
Les personnages principaux conservent leurs voix habituelles pour la VF, dont le génial Eric Misoffe, qui renouvelle à chaque fois sa performance dans le ping-pong verbal entre Sammy et Scooby.
Et, bien qu’ils soient moins présents qu’eux, le film parvient aussi à attribuer leurs moments de gloire à Véra, Fred et Daphné, reprécisant au passage leurs rôles (l’intelligence, la force et l’empathie).
Pour les personnages secondaires, on retiendra la fabuleuse interprétation de Jean-Philippe Puymartin (voix officielle de Tom Hanks, Woody dans Toy Story…), qui nous livre un Satanas magistral, même si faire revenir Gérard Hernandez aurait été une bonne idée.
Xavier Béja (qui a déjà tenu le rôle de Sherlock Holmes dans la série « Scooby-Doo et compagnie »), marque aussi les esprits dans son interprétation de Dynomutt.
Au final pas indispensable, mais pas déplaisant, ce Scooby aura le mérite de distraire les petits en leur racontant l’histoire éternelle de l’amitié entre les hommes et leurs chiens… Et de garder les grands au frais, par temps de canicule.
Le générique de fin, comportant de nombreuses surprises (telle le requin Mantalo), laisse entrevoir des suites possibles, en films ou en séries.