Je suis le premier à faire la critique de ce qui est le premier film de Kurtzman, visiblement bien méconnu alors que c’est un très bon film, réalisé avec pas grand-chose.
Le casting est d’abord une belle réussite. Nicole Eggert se débrouille très bien dans le rôle de cette sorte de Robocop girl (en fait le film est assez différent), et s’avère même tout à fait sexy, malgré un costume pas très valorisant. En tout cas elle livre une prestation de qualité, et s’impose par rapport au reste du casting. Coté méchant on trouve un Richard Grieco habitué de ce genre de rôle, qui cabotine à mort mais sans sombrer dans le ridicule, et il forme avec sa troupe une bande de truands particulièrement gratinés. A noter aussi de bonnes prestations du coté de Bruce Abbott, de Susan Tyrrell, qui se débrouillent bien, et la présence dans un second rôle de l’inattendu Tom Savini. Globalement c’est solide donc, mais les personnages sont de surcroit plus travaillés que prévu, et c’est une bonne chose.
Le scénario part sur des bases similaires à Robocop, et l’on peut croire à une version féminine. Certes il y a des aspects communs, mais The Demolitionist trouve vraiment sa personnalité, en essayant de glisser davantage vers le psychologique. Robocop est à moitié machine, la jeune femme du film est humaine, mais est décédée, et du coup les problématiques soulevées ne sont pas tout à fait les mêmes, comme en témoigne d’ailleurs la fin, fort bien trouvée. Sinon le métrage est tout à fait efficace coté rythme, avec ce qu’il faut d’action, et le spectacle est fort divertissant, mais pas simplement ultra-bourrin comme on aurait pu le penser à la base.
Visuellement The Demolitionist est une belle réussite. Le metteur en scène fait remarquablement oublier le faible budget du métrage, en se débrouillant fort bien lors des fusillades par exemple. Si la première avec l’héroïne est un peu brouillonne niveau montage, en revanche pour le reste The Demolitionist est très bien. De surcroit Kurtzman offre une vraie personnalité au métrage, avec des angles de vue audacieux (souvent penchés), qui peuvent renforcer parfois de manière surprenante le sentiment de malaise. Beaucoup de contre-plongées aussi, et toujours intelligemment utilisées. La photographie est aussi très typée. Beaucoup de bleus, de rouge, une lumière artificielle largement privilégiées, The Demolitionist est très singulier à l’œil, et cache sans problème son faible budget par un travail graphique des plus soignées. Les décors, là aussi, malgré un faible budget font sans problème illusion, et je dois même dire que le film rivalise sans problème avec beaucoup de productions actuelles plus friquées. C’est là une très grosse surprise, parce que jamais The Demolitionist ne fait ses 1 millions de dollars, hors pour un film de SF de près de 20 ans, c’est juste exceptionnel. L’action est très typée années 90, avec des fusillades violentes et un peu redondantes qui aurait pu faire preuve de plus d’originalité, malgré de bons moments. Le film est généreux, et cela transparait dans les gerbes de sang fort originales d’ailleurs qui accompagnent chaque impact de balle. Enfin la bande son est propre, bien qu’elle manque d’ambition. Elle peut se montrer originale et curieuse, comme un passage sur un thème au clavecin.
En conclusion The Demolitionist est une vraie surprise. Pas de critique, petit budget, pas de grands acteurs, réalisateur inconnu dont c’était le premier film, sujet qui semblait être un pauvre copié-collé de Robocop comme il y en a beaucoup, j’ai finalement très vite été saisi par un métrage plus que prometteur. Visuellement presque sans faille, The Demolitionist ressemble à une série B luxueuse avec un budget dérisoire pourtant, et sur le fond il n’est pas mal non plus. Le divertissement est donc tout à fait assuré, et pour ma part j’ai envie vraiment de conseiller ce métrage, qui ne manque pas de bons points. Je lui accorde 4.