Une bien jolie comédie française, qui diffuse une agréable sensation de fraîcheur durant la petite heure et demie que dure "Maestro" (2014).
Léa Fazer rend ici hommage à son ami disparu, le comédien Jocelyn Quivrin, qui souhaitait lui-même rendre hommage au cinéaste Eric Rohmer, dont la rencontre sur le tournage des "Amours d'Astrée et de Céladon" avait bouleversé sa vision du métier et de l'existence.
"Maestro" décrit ce tournage, cette confrontation entre deux univers (l'ancien VS le moderne, le film d'auteur VS les rêves de gloire, les budgets serrés VS les grosses productions...) sans toutefois tomber dans un manichéisme absurde, qui voudrait que le cinéma, "c'était mieux avant".
Certes, c'est bien le jeune acteur naïf et immature qui sortira grandi et chamboulé par cette expérience unique, mais l'échange fonctionne dans les deux sens, et chacun s'enrichit au contact de l'autre, à condition de dépasser ses préjugés.
On pourra justement reprocher au film ses excès de bons sentiments et cette morale gentillette, mais le registre et celui de la comédie, et on aura passé un délicieux moment en compagnie d'acteurs formidables. Michael Lonsdale m'a fait très forte impression, incarnant avec finesse un Rohmer à la fois généreux, lunaire, rigoureux, déconnecté mais toujours jeune d'esprit.
Pio Marmaï a su se hisser à la hauteur de son expérimenté partenaire, bien meilleur que dans "Toute première fois" par exemple, tout en sincérité gauche et en énergie pas toujours bien canalisée.
On retrouve également avec plaisir Déborah François et Alice Belaïdi, ainsi que quelques inconnus prometteurs dans le staff de Rohmer.
Enfin, j'ai beaucoup aimé "Maestro" parce qu'au delà de l'hommage individuel, ce film est une déclaration d'amour adressé au cinéma, à tous les cinémas, que l'on n'a pas souvent l'occasion de découvrir sous cet angle-là. D'ailleurs la photographie est particulièrement soignée.
Avis aux amateurs.