Familier
Gia Coppola est-elle privilégiée par son héritage, ou au contraire condamnée au génie par son patronyme ? Ce premier film de la nièce de Sofia Coppola ne présentait pas beaucoup de promesses dans le fond, si ce n'est une bande-annonce alléchante pour la forme. Porter un tel nom créer automatiquement un soupçon d'opportunisme pour les plus sévères, ou une attente effrénée pour les adeptes de la smala Coppola. La petite dernière commence avec un sujet extrêmement réchauffé, la décadence de la jeunesse américaine. De quoi être très perplexe. Résultat ?
Nan, le film n'est franchement pas passionnant. Des personnages insipides au sein d'une histoire très fade. Les nouvelles de James Franco ne valaient manifestement vraiment pas le coup d'être adaptées, elles n'apportent rien au propos qu'illustre le film. Ses histoires, qui ne font qu'une, sont d'une triste platitude avec tout de même quelques éléments plus insolites.
Ces curiosités dans un bain de banalités sont surfaites ou bien trop peu assumées.
James Franco a le mauvais rôle, autant à l'écrit qu'à l'écran, la romance qu'il se fait vivre est plutôt consternante. Ni singulière, ni universelle, la relation ne raconte pas la désillusion amoureuse qu'elle est sensée faire ressentir. On ne croit jamais à cette liaison dangereuse. Cela pourrait avoir un certain sens mais la suite n'est pas plus éloquente.
Val Kilmer campe un rôle qui semble bien cocasse, dommage qu'il soit trop peu présent. Son fils, Jack Kilmer, joue lui un gamin qui court maladroitement après le choc amoureux. Le réel choc en voiture n'est qu'une petite anecdote, autre preuve que "Palo Alto" se focalise sur le côté romantique, dans l'intrigue du moins.
Gia Coppola en fait tout de même un énième portrait de la génération "Spring Break", voyez le côté intéressant de la traduction de ce terme. Ces jeunes sont bien au crépuscule de leurs printemps.
Si le scénario est très rasoir, la mise en scène est plus intéressantex. Elle illustre très justement le vide dans lequel se jette la jeunesse. Les scènes de soirées sont bien rythmées, la musique entraînante et l'ambiance parfaitement vertigineuse. Comme sa Sofia, Gia Coppola soigne très bien ses effets dans des scènes simples au départ et assez remarquable dans le rendu. La scène du baby-sitting est très touchante, le petit est remarquablement drôle. Avec Emma Roberts ils s'accordent dans un tempo parfait pour faire tomber les masques avec effet.
La jeune actrice tient en suspend tout "Palo Alto". Elle est d'une immense beauté, les jambes d'April découvertes tout le fil du film sont assez marquantes. Ce rôle d'étudiante qu'Emma Roberts interprète est aussi d'une immense bonté. On est facilement épris de cette jeune femme, comme quelques protagonistes de ce portrait.
"Palo Alto" est un film simple mais absolument pas universel. C'est le coup d'essai, creux mais pas si raté, d'une héritière gâtée. Entourée par la mafia Coppola, son oncle Robert Schwartzman à la musique et Bailey Coppola (un cousin éloigné) apparemment au casting, sont même directement liés au film. Comme son illustre tante elle place ses films dans une Amérique à l'apparence propre et brillante, elle creuse néanmoins bien moins les profondeur et le vide de cet univers si familier.