Le film est adapté du livre de Robert Reich dont le metteur en scène a d’abord créé une « web-série » avant d’en faire un film. Robert Reich est ancien secrétaire au travail sous la présidence de Bill Clinton (ils ont étudié ensemble à Oxford) et enseigne actuellement à l’université Berkeley. Le film est passionnant et très pédagogique. Même le générique a été travaillé : il reprend la voiture de Robert Reich qui apparait à l’écran dès les premières images, une Mini Austin avec laquelle il fait corps comme il l’explique, Reich étant atteint du syndrome de Fairbanks qui se traduit par une petite taille ; la continuation du film dans le générique, très Arts Déco, fait penser à certains tableaux, de Seurat notamment, où la peinture se prolonge sur le cadre. Comme le titre l’indique (Inégalité pour tous), Robert Reich, qui cite les travaux du français Thomas Piketty, explique que les Etats-Unis sont un pays où l’écart entre les salaires est énorme et les place en 60e position, juste devant des pays comme le Panama (de mémoire). Ainsi, le patrimoine de 150 millions d’américains équivaut à celui possédé par les 100 américains les plus riches. En mettant sous forme graphique plusieurs paramètres depuis le début du XXe siècle, on obtient la forme d’un pont suspendu dont les piliers coïncident avec la crise de 1929 et celle de 2008. Pour lui, le moteur de l’économie, c’est la fameuse classe moyenne qu’il définit par la population qui a un revenu annuel compris entre 25 000 et 75 000 U.S.$. C’est elle qui, en consommant, est créatrice d’emplois et non les entreprises. Malheureusement, son pouvoir d’achat a commencé à décliner à partir des années 70, ce qui correspond au début de la mondialisation, de la robotisation des tâches et aussi à l’arrivée des femmes sur le marché du travail (pour compenser la baisse de revenus des ménages) et à la diminution de l’influence des syndicats américains. Pour lui, il faut taxer les très hauts revenus (et non les biens) et c’est pourquoi il passe pour un communiste ! Même un petit patron d’une société qui produit des édredons explique que sa richesse ne se traduit pas par l’achat de plus d’édredons et même en achetant des biens coûteux (appartements, voitures, etc.), le surplus est investi dans des fonds d’investissements à l’étranger, sur lesquels, il doute que l’argent soit réinjecté dans l’économie…Bref, un film à voir et revoir et qui j’espère, sera, au moins, diffusé sur une chaîne comme Arte.