Quand on n’a pas de meilleure idée sous le coude, il suffit de ressortir les Russes de leur boîte à horreurs. La particularité de ‘Red sparrow’, c’est que la menace Rouge n’a pas une tête de cosaque balafré mais celle d’une ancienne danseuse du Bolchoï qui intègre, évidemment contrainte et forcée parce que les Russes sont incapables de demander les choses poliment, l’école spéciale des “Moineaux”, des espion(nes) qui mettent leur corps et leurs charmes au service de la mère-patrie. Quand on a un peu l’habitude de la morale tordue qui régit les scripts hollywoodiens, on se doute dès le départ que puisque c’est par la chair que Domenika est supposée servir, c’est par la chair aussi qu’elle succombera aux bienfaits du capitalisme. D’ici là, le film aura appuyé sur tous les ressorts classiques du film d’espionnage : qui est agent double, triple, quadruple ? Qui est la Taupe ? Qui tire les ficelles côté Kremlin et côté Pentagone ? Rien de bien neuf sous le soleil en somme, mais le film fait le job, même si c’est d’une façon très old-school, comme si les ‘Jason Bourne’ et les ‘Mission Impossible’ n’avaient jamais existé. En même temps, dans le monde selon ‘Red sparrow’, la Guerre Froide n’a apparemment jamais cessé, les Russes parlent anglais avec, éventuellement, un accent qui roule les R quand ils veulent faire pittoresque et les grands acteurs russes, ceux qui savent faire ressentir au mieux la fourberie glaciale et la cruauté inhérentes à ce peuple s’appellent Matthias Schoenaerts, Charlotte Rampling et Jeremy Irons. Quoi qu’il en soit, Red sparrow n’est pas déplaisant du tout, bien qu’il soit un peu longuet : son scénario, ses péripéties et ses clichés sont dignes de ce qu’on peut attendre d’un Actionner à espions, et on a vite compris qu’au-delà de tout ce que le scénario pourrait bien avoir à dire au niveau politique, humain et culturel, le crypto-’argument du film, c’est Jennifer Lawrence en femme fatale et son crypto-crypto argument, c’est Jennifer Lawrence à oilpé.