Ce film aurait pu être un chef d'œuvre et avait beaucoup d'atouts pour réussir.
D'abord un casting incroyable, mettant en valeur la bluffante Jennifer Lawrence, avec un rôle intéressant pour Joel Edgerton, et un paquet de seconds rôles tel Matthias Schoenaerts (véritable sosie de Vladimir Vladimirovitch!), Charlotte Rampling, Jeremy Irons, Ciaran Hinds, Sakina Jaffrey et même Bill Camp.
Ensuit un sujet bien réel au vu du retour d'une nouvelle Guerre Froide entre les USA et la Russie, avec un certain nombre de scènes inspirées de faits réels, qui ancrent le récit dans la glaçante réalité.
On reconnaîtra le soucis du détails dans les décors, costumes, digne d'une production internationale.
En dépit de toutes ses qualités et de toute la bonne volonté affichée, le film reste un échec relatif.
D'emblée, je suis atterré par le rythme, la longueur anormale du long-métrage, avec de nombreux moments mou et faibles qui desservent l'efficacité du film.
Une autre erreur majeure a été de faire des aller-retour à la narration entre Dominika et Nate, ce qui casse le rythme et brise le parti-pris du film de voir les évènement uniquement du point de vue russe.
En clair, la mise en scène échoue à raconter de manière fluide, concise, avec le juste tempo, mais surtout échoue à installer une vraie ambiance film d'espionnage.
Seuls les face-à-face sont bien filmés, ce qui trahit un désintérêt du réalisateur pour tous les plans intermédiaires, qui ont pourtant une utilité narrative dont Francis Lawrence semble vouloir se passer.
On sent que le réalisateur aurait voulu faire de cette histoire un docu-fiction (plans sobres et sans artifice), mais que les producteurs voulaient un thriller d'espionnage grandiloquent (métaphore peu subtile et maniérée des ballets sur fond de musique classique).
Cette dualité, ce côté inachevé, cette idée de suivre deux voies divergentes, cette indécision artistique, plombe le film et lui empêche d'atteindre son plein potentiel.