Il y a au cinéma deux types de film : ceux qui racontent des histoires. Et ceux qui disent le monde. Marighella est une solide claque dont on a du mal à se remettre, tant elle est évidente, vraie et violente. Il n'y a que des évidences dans ce film à la foix doux et âpre, paradoxal et juste. Ne tentez pas de lire un livre ou de regarder un autre film trop vite après cette expérience Marighella, tout vous paraitra creux, faux et surperficiel dans ces histoires qu'on vous raconte.
Parfois on parle de cinéma comme on parle d'un immense puzzle où tout s'imbrique : la lumière, la photo, le son, les acteurs, le scénario. Marighella, lui, nous traverse d'un bloc, un bloc immense de vérité, de sa violence crue et de sa voix suave et puis on se lève, hébété, après 2h30, sonné par le coup de poing dans la tronche donné par monde qui nous entoure, sonné par Wagner Moura, son film fleuve, son grain épais, et l'énergie désespérée de son message historique...
Il y a une beauté crue et sauvage dans l'image, dans les personnages, il y a une insondable tristesse dans le destin de ces hommes, il y a une colère sourde qui gronde au fond, il y a du savoir-faire hollywoodien dans l'efficacité du film, il y a peut-être l'absence d'une véritable lecture politique mais au fond, tout ça, peu importe.
Quand le cinéma se livre corps et âme et s'offre pour ne rien raconter mais simplement dire le monde, on se lève, on salue et on rentre chez soi, hanté par "Marighella".